1 octobre 2010
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Chiara Alfieri, « LA DIVINATION FÉMININE PAR LE PLACENTA CHEZ LES BOBO (BURKINA FASO) », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.301657...
Dans bon nombre de sociétés voltaïques et mande, on trouve forte-ment articulée l'idée que la destinée d'un individu pourrait s'expliquer en termes d'un choix fait dans un monde prénatal 2. Mes enquêtes de terrain chez les Bobo, une population d'agricul-teurs de l'Ouest du Burkina Faso, m'ont mise en présence d'un ensemble de croyances et de rites liés à la notion de destin qui semble s'or-donner autour de la même idée : qu'un malheur ou une chance exceptionnels ou une série d'échecs répétés puissent être imputés à une parole ou à un voeu formulé dans un temps prénatal. On ne s'éton-nera donc pas que, de même que dans les sociétés que je viens d'évoquer, pareille imputation puisse, chez les Bobo, être révélée par des devins. J'aurai par la suite l'occasion de mentionner des types de consultations données par des devins spécialisés qui prennent la forme d'une interrogation sur le destin. Toutefois, les matériaux que je vais exposer ici concernent une forme d'investigation dont on peut bien dire qu'elle est divinatoire mais qui de fait n'est pas conduite par des devins professionnels. Pratiquée à l'occasion d'une naissance, elle est menée par des vieilles femmes qui assistent la parturiente et qui ensuite, une fois l'accou-chement achevé, examinent les annexes foetales de l'enfant qui vient de naître pour y déceler l'inscription d'une éventuelle demande pré-natale, sous forme de signes ou de taches de couleur ou les deux. Il ne s'agit pas de femmes devineresses, mais de vieilles femmes qui ont étés formées par leurs aînées à l'accomplissement de cette tâche. Parmi les nombreux actes qui entourent la naissance d'un enfant en société bobo, qu'il s'agisse d'une naissance dans un centre de santé publique ou dans un village, « l'analyse » ou la « lecture » du placenta, toujours pratiquée, représente un des moments centraux. Il faut toute-fois souligner que, si l'enfant naît dans une structure hospitalière en ville, le placenta sera remis, dans un sachet, aux parents de la nouvelle mère, après avoir pris la précaution-pratique qui a commencé quelques années après l'apparition de la pandémie du sida-de l'asperger d'eau 309 maquette n°6 1/07/10 15:53 Page 309