24 juillet 2019
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Loïc Wacquant, « Brève généalogie et anatomie de l’habitus », Revue de l’Institut de Sociologie, ID : 10670/1.30gutb
Retracer les origines philosophiques du concept d’habitus et l’usage initial qu’en a fait Bourdieu pour rendre compte de la disjonction historique provoquée par la guerre de libération nationale algérienne et la modernisation des campagnes françaises dans l’après-guerre permet de dissiper quatre malentendus récurrents : 1° l’habitus n’est jamais la réplique d’une structure sociale unique, mais un ensemble de schèmes dynamique, multiscalaire et multicouches, sujet à une « révision permanente » dans la pratique ; 2° l’habitus n’est pas nécessairement cohérent et unifié, mais présente au contraire divers degrés d’intégration et de tension ; 3° parce qu’il n’est pas toujours congruent avec le cosmos au sein duquel il évolue, l’habitus se prête tout autant à une analyse de la crise et du changement que de la cohésion et de la reproduction ; 4° mais l’habitus n’est pas un mécanisme autosuffisant générateur d’action : la dissection des dispositions doit toujours procéder en lien étroit avec la cartographie du système de positions qui excitent, inhibent ou redirigent tour à tour les capacités et les inclinaisons socialement constituées de l’agent. Surtout, l’habitus, chez Bourdieu, n’est pas un concept abstrait qui serait le produit ou le moteur de spéculations théoriques, mais une manière sténographique de désigner une posture de recherche qui place le mode de pensée génétique au cœur de l’analyse sociale.