2022
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Daniel Moulinet, « D. Moulinet UNE APPROCHE DES IDÉES POLITIQUES DE MGR CRISTIANI », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.319900...
Cristiani appartient à une génération qui a été confrontée au conflit entre l'Église et l'État. Il est ordonné prêtre au moment de la mise en application de la loi du 1 er juillet 1901 relative aux congrégations religieuses et il fait partie de la première équipe des prêtres diocésains amenée à prendre la direction du grand séminaire de Moulins que les Pères maristes, qui y ont été ses maîtres peu d'années auparavant, doivent quitter. C'est trois ans après son ordination qu'intervient la loi de Séparation des Églises et de l'État. Ce conflit, il l'a vécu au niveau local, avant même son entrée au grand séminaire. Il l'a vu de près, au pensionnat de Notre-Dame des Victoires à St-Pourçain-sur-Sioule où il était élève, dans la mesure où le supérieur, le Frère Gualbertil s'agit d'un pensionnat tenu par les Frères maristesétait en conflit ouvert avec la municipalité, qui avait fini par prendre un arrêté interdisant le défilé des fanfares dans les rues, arrêté dirigé contre la fanfare du collège organisée par le fameux frère. À St-Pourçain, il côtoie Antoine Roussat, ancien élève des Frères, engagé dans l'action politique pour les défendre, puisqu'il devient conseiller municipal de la commune, et qui, sur le tard (à 43 ans), entrera en 1913 au grand séminaire de Moulinsoù L. Cristiani est alors directeuret sera ordonné prêtre en 1916. L. Cristiani est professeur au grand séminaire de Moulins lorsque s'effectue l'expulsion. L'inventaire est opéré le 1 er mars 1906. Ce jour-là, le directeur de l'Administration des Domaines, M. Verrier, se heurte d'abord à la protestation du vicaire général Boutry, puis à celle du supérieur, l'abbé Nény, et encore à celle de Mgr Melin, curé de la cathédrale, au nom des anciens élèves. L'après-midi, il revient, accompagné d'un escadron de militaires à cheval qui cerne le bâtiment. Il faut opérer un crochetage en règle de chacune des pièces pour mener à bien l'inventaire. Celui-ci s'achève sous les cris de « Vive la liberté ! » et aussi « Vivent les chasseurs ! » Le 13 décembre, la mise sous séquestre du bâtiment est prononcée. Les séminaristes se réfugient au Carmel que les religieuses ont quitté peu d'années auparavant et qui se trouve à proximité. 32 élèves de l'Institut Dreux-Brézé y trouvent une cellule, tandis que les plus jeunes, au nombre de 22, sont en dortoir. Ces épisodes ont eu, à n'en pas douter, une certaine influence sur Léon Cristiani, le conduisant à une certaine détestation de ce régime politique. Rappelant dans son livre autobiographique, Soixante ans de sacerdoce la loi anticongréganiste de 1901, il écrit :