2020
Cairn
Danielle Morichon, « Formes poétiques et fonctions sémiotiques dans la traduction de quelques poèmes de Kavafis, Séféris et Kavvadias », Études Balkaniques-Cahiers Pierre Belon, ID : 10670/1.31dh4c
Traduire, et a fortiori traduire de la poésie, c’est reconnaître des formes à l’aide de formes, − toutes les formes, mentales, linguistiques et esthétiques. En prenant pour point de départ l’idée que le travail de traduction est de reconnaître et de réactiver ces formes-sens non aléatoires, on a examiné certaines fonctions émergeant des formes de la poétique de trois poètes grecs, K. Kavafis, G. Séféris et N. Kavvadias, ainsi que leurs emplois par les traducteurs. Si les sens déjà formalisés appartiennent pour la plupart à la fonction pragmatologique du poème (fonction discriminative), le critère d’ouverture ou de résistance à l’interprétation révèle que certaines formes linguistiques sont des indices de formalisation - individuation (fonction d’intelligibilité); quant à la forme devenue figure située entre l’intelligible et le sensible, elle souligne la coïncidence entre mental et verbal (fonction d’identité) et réclame la capacité synesthésique du traducteur. Cette troisième fonction est d’ailleurs essentielle pour saisir que l’espace de la traduction est le hiatus situé entre le mental et le verbal.