2019
info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Pauline Lectard et al., « Sortir de l'impasse exportatrice. Les enseignements de l'analyse du profil des exportations marocaines », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.3219fc...
Réduire l’étude de la transformation structurelle d’un pays à celle du profil de ses exportations conduit en fait à ne retenir de la « dualité idéologico-politique » des positions possibles sur le rôle du commerce international dans le développement que la seule position libérale. Notre perspective dans ce texte est différente. Elle ne vise aucune forme de réductionnisme, ni ne privilégie a priori un modèle d’industrialisation au nom d’une nécessité donnée par la vérité présumée des marchés internationaux. Notre approche prend acte des choix stratégiques fait par le Maroc en faveur d’une industrialisation par la promotion des exportations et propose de compléter l’analyse des conditions économiques et politiques de l’industrialisation marocaine du programme de recherche « Made in Morocco » par l’étude approfondie du profil des exportations marocaines. Pour cela nous revenons dans un premier point sur le rôle des marchés extérieurs dans la stratégie d’industrialisation récente du Maroc et dressons un état des lieux de la transformation structurelle (I). Nous analysons ensuite la transformation de la structure des exportations à l’appui des critères de diversification et de sophistication (II). Puis nous mobilisons les données et critères issus des travaux sur « l’espace des produits » pour analyser, au Maroc, la relation restée ténue entre la transformation du profil des exportations et la transformation structurelle (III).Manifestement, le Maroc a su capter avec succès les opportunités que la mondialisation productive lui a offertes et consolider, en retour, des réussites sectorielles en exportant des produits nouveaux, plus sophistiqués et, bien qu’encore isolés dans la structure productive marocaine, situés beaucoup plus au centre de l’espace des produits (automobiles et machines électriques). Pour autant, le risque de voir s’installer le long de la façade ouest-atlantique du pays un archipel de pôles d’exportations sans impact significatif sur la transformation structurelle paraît réel au regard du manque d’accumulation de capacités de production du Maroc. L’accumulation de capital par travailleur, relativement basse au Maroc, peine à s’améliorer au cours de la période. Quant à la productivité totale des facteurs, elle baisse de façon significative pour atteindre un niveau extrêmement bas. Ce résultat est à relier à la lenteur de la transformation structurelle qui, en conséquence, ne semble pas pouvoir, au Maroc, provenir d’une simple transformation du profil des exportations.