2016
Cairn
Hervé Rayner, « Participationnisme d’État : Le gouvernement de la « libre formation de l’opinion » en Suisse », Gouvernement et action publique, ID : 10670/1.32da5c...
La rhétorique de la participation constitue l’une des topiques des discours d’institution en Suisse. Les votations populaires seraient à la base d’un régime unique au monde, une démocratie dite semi-directe combinant stabilité politique et participation régulière des citoyens au processus de décision. Dans ce contexte participationniste où il apparaît coûteux de mettre en cause la centralité du « peuple souverain », l’encadrement public des campagnes de votation (référendums et initiatives populaires) via l’essor des « relations publiques de l’État » va se heurter à l’une des composantes de la coalition gouvernementale, l’Union Démocratique du Centre (UDC). Par le biais de l’initiative populaire « Souveraineté du peuple sans propagande gouvernementale », les dirigeants de ce puissant parti, issus des élites économiques zurichoises, tentent de conserver leur position dominante dans le management de la participation populaire. Les modalités de la violence symbolique légitime et, partant, la place de l’État, constituent l’un des enjeux de cet affrontement entre partisans et adversaires d’une intervention publique dans les campagnes de votation.