Vers la constitution d'un espace public sociétal et médiatique ? Préface

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2019

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Bertrand Cabedoche, « Vers la constitution d'un espace public sociétal et médiatique ? Préface », HAL-SHS : sciences de l'information, de la communication et des bibliothèques, ID : 10670/1.32fgnr


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Résumé Fr

Il fut un temps, pas si lointain, où, non seulement, le continent africain apparaissait laissé pour compte des grands mouvements de fond qui caractérisent la mondialisation, mais de plus, la recherche scientifique qui s'y développait pâtissait de la même image furtive d'isolement, voire pour certains, d'inconsistance. Dans ses préjugés, la sentence était particulièrement impitoyable, par exemple sur le terrain des sciences humaines et sociales, outrageusement perceptible dans les référencements mondiaux. Sans doute, aujourd'hui encore, cette recherche scientifique depuis l'Afrique souffre du même environnement défavorable, cumulant les handicaps de toute nature. Obstacles économiques, quand la recherche fondamentale s'efface systématiquement devant la recherche de… fonds, au quotidien et quand les thèmes légitimes passent au tamis étroit et éliminatoire de l'évaluation pour les attributions de financement des travaux, resserré autour du critère suprême et politique des anticipations de rentabilité sociétale immédiate exigées par les bailleurs. Obstacles politiques, quand les conclusions des travaux exposent les auteurs à l'humeur rétroactive de décideurs, nationaux comme internationaux, seulement ouverts quand les travaux corroborent leurs propres pré-constructions, au service premier de leurs intérêts propres et de leurs croyances déterministes. Obstacles institutionnels, quand en termes de production comme de diffusion, les structures de la recherche se présentent systématiquement en-deçà des besoins et des potentialités révélés par la présence croissante des docteurs du continent, formés in situ et, parallèlement, à l'extérieur. Obstacles culturels et sociaux, quand les historiques souvent bruyamment agités, les pressions « désintéressées » des bonnes âmes, les courants de pensée dominants, à l'oeuvre dans la société civile comme dans les cercles de la recherche commanditée, poussent à privilégier les renvois figées à la tradition ou aux modèles importés. Ces logiques pesantes travaillent, tour à tour et simultanément, à imposer leurs logiques court-termistes et instrumentalisées dont, sociétalement, les enjeux croisés ne sont que trop peu interrogés. Obstacles psychologiques enfin quand on sait l'abnégation, voire le courage dont il faut faire preuve en certains lieux pour, coûte que coûte, s'accrocher à la posture de distanciation que suppose l'activité de recherche, puis entamer le laborieux et tout aussi périlleux travail de la diffusion scientifique. Trop souvent encore, par la force des choses, avec des sociétés savantes nationales encore timides et une consolidation toujours réclamée de solides réseaux de recherche associés, ces ressources intellectuelles doivent se résoudre à réduire leurs programmes d'investigation à des approches monographiques, parallèlement toujours trop peu diffusées. Pour autant, des lueurs prometteuses brillent depuis l'Afrique. Des synthèses structurantes commencent à en surgir. Des conclusions de recherche y deviennent des références de plus en plus appuyées, au-delà même des terrains où elles ont été initiées, expérimentées et validées. Des auteurs, inhabituels, commencent à grossir de leurs apports les manuels de base des disciplines, quels que soit leurs lieux de convocation et, ultérieurement, d'enseignement. Par définition interdisciplinaires, les sciences de l'information et de la communication s'associent ainsi avec les sciences politiques, la linguistique, la sociologie, l'anthropologie, l'histoire…, pour donner visibilité plus grande aux travaux et convaincre de ce qu'il faut désormais compter avec ces voies de la recherche depuis l'Afrique. Ce faisant, ces disciplines contribuent à précipiter convergences théoriques, créations conceptuelles partagées, débats d'écoles géographiquement délocalisés, controverse et contradiction « métissées », sans que dans les positionnements, conclusions et argumentaires, l'on puisse distinguer véritablement la provenance des uns et des autres, sur la seule base d'un critère d'appartenance géographique.

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