2019
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Chloé Capel, « L’or africain et le paradoxe de Sijilmassa (Maroc – VIIIe-XIVe siècles). Atelier de frappe primordial, histoire méconnue », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.33hepi
Les dinars de Sijilmassa ont alimenté, durant toute l’époque médiévale, les finances des grandes puissances méditerranéennes, aussi bien du côté des terres d’Islam que des terres chrétiennes. Cette ville oasienne des confins du Sahara, née au VIIIe siècle, est en effet d’une part devenue un lieu d’escale majeur dans le cadre du trafic de l’or qui traversait le Grand Désert en provenance de l’Afrique sahélienne et à destination du Maghreb islamisé et d’autre part un atelier de frappe monétaire de premier plan. Mais si ses monnaies sont à ce jour assez bien étudiées, rien ou presque n’est connu de la ville de Sijilmassa, de sa matérialité, de l’organisation concrète de son hôtel de monnaie et surtout de la manière dont cette oasis a pu acquérir cette place prépondérante dans les circuits aurifères entre l’Afrique et l’Europe. Après un court bilan historique et historiographique, cette réflexion s’attache à développer une analyse originale de l’économie locale de cette cité. Car en s’appuyant sur des données inédites tirées de l’archéologie et d’études environnementales, ce texte propose de faire de l’économie locale de Sijilmassa la clé interprétative décisive pour éclairer les raisons de la position primordiale de cette ville saharienne dans le commerce de l’or. Plus qu’un simple spectateur passif des transactions effectuées sur son sol, Sijilmassa était en effet un important site de production, notamment agricole et métallurgique, argument économique de poids lui ayant permis de devenir un acteur à part entière dans la chaîne d’échanges aboutissant à l’acquisition (et à la redistribution) de l’or africain.