4 juillet 2017
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Anne Marrillet, « Miquel Barceló, homo pictor. Résurgences d’art pariétal paléolithique dans l’œuvre de l’artiste majorquin », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.33o2a1
Fin connaisseur de l’art des grottes, Miquel Barceló est un homo pictor contemporain fabriquant des images en symbiose avec l’environnement qui lui fournit sujets, couleurs et outils. Nombre de ses productions peintes et sculptées entretiennent des rapports étroits avec l’art paléolithique. L’enjeu de notre recherche est de dégager analogies et divergences pour décider s’il s’agit d’un retour à l’art des origines ou d’une convergence avec cet art. Certains éléments biographiques expliquent ces parentés : familiarité du monde souterrain, proximité avec les animaux à Majorque et au pays dogon où Barceló élit domicile, découverte de Chauvet. Si le bestiaire constitue le thème principal de son travail comme des décors rupestres, le traitement diffère ; en dehors de bêtes à la grande vivacité, l’artiste figure crânes et dépouilles pendues. Parallèlement nombre d’aspects matériels rapprochent les deux formes d’art : fabrication des outils et couleurs, monumentalité de certaines œuvres, recréation des aspérités pariétales, pratique de la gravure. Au Sahel ces productions sont favorisées par des conditions de vie proches d’un état primordial où le phénomène vital est comme exacerbé par l’omniprésence de la mort. D’autre part la démarche artistique privilégie la matière sur l’image par la recherche d’un geste unique et visible. L’ambition est de fabriquer une image traduisant l’alchimie du vivant ; cela nécessite de laisser une part d’autonomie à la matière picturale et d’y intégrer les effets du temps. L’étude se clôt par un commentaire philosophique sur la question de l’animal tantôt vu comme un alter ego tantôt mêlé à l’humain dans des créatures anthropo-zoomorphes comme en voit dans les cavernes. L’animal est au cœur de la réflexion de l’artiste : animalisation dans la performance Paso Doble, interconnexions homme-animal rappelant la psyché humaine au Paléolithique ; tout cela sous-entend in fine une communauté de destin. Au final les œuvres emblématiques d’un rapport à l’art pariétal comme le Grand Verre de Terre sont empreintes d’une spiritualité primitive qui n’est pas sans rapport avec l’animisme du peuple dogon ; elles constituent une forme de célébration du monde naturel atteignant à l’universel car, dégagées des contingences, elles sont détachées de l’espace et du temps.