2021
Cairn
Massimo Di Grazia et al., « Considérations épidémiologiques sur l’incongruence de genre chez les adultes, les adolescents et les enfants et les questions de santé mentale : une revue de la littérature », Sexologies, ID : 10670/1.33o2xt
La recherche épidémiologique peut fournir une clef d’interprétation de l’incongruence de genre (IG) (Gender Incongruence [GI]) et d’identification des besoins médicaux des sujets avec une incongruence de genre. L’IG faisant l’objet de différentes définitions, il est difficile d’estimer sa véritable prévalence. Les données sur la prévalence de l’IG sont influencées par la définition nosographique et par les différentes méthodologies mises en œuvre par les chercheurs pour évaluer les nombres de cas. Selon les estimations existantes, la prévalence, qui présente de larges variations, se situe entre 0,1 % et 1,1 % chez les adultes, avec un ratio homme vers femme (ratio male-to-female [MtF]), femme vers homme ( female-to-male [FtM]) de 1-6. Chez les enfants, la littérature rapporte une prévalence entre 1 % et 4,7 %, avec une prédominance du ratio MtF chez les enfants, et de 1,2 % à 16,1 % chez les adolescents pour lesquels le ratio FtM semble prédominant. Les études basées sur l’accès aux cliniques transgenres sont susceptibles de sous-estimer la prévalence de l’IG alors que les études qui mettent l’accent sur les données auto-déclarées ou déclarées par les parents pourraient surestimer le phénomène. La littérature décrit des taux élevés de troubles affectifs et d’anxiété (18–80 %), de fréquents troubles de la personnalité (20–70 %), des tentatives de suicide et des blessures auto-infligées chez les personnes vivant avec une incongruence de genre. Ces problèmes semblent s’améliorer après un traitement d’affirmation de genre. Certains auteurs font état d’une forte prévalence de troubles du spectre autistique (TSA) ( Autistic Spectrum Disorders [ASD]) (6–14 %) chez les jeunes avec une incongruence de genre. Les taux de mortalité, les infections VIH et les maladies sexuellement transmissibles sont élevés chez les transgenres, probablement en raison d’un manque de prévention. Il est essentiel de déterminer la véritable prévalence de l’IG afin d’assurer un soutien médical adéquat. Les futures études devraient être basées soit sur de grandes cohortes multicentriques soit sur la population générale, faisant appel à des échantillonnages fondés sur les répondants et comprenant également des sujets qui n’ont pas recours aux services proposés par les cliniques transgenres, afin de minimiser les biais de sélection.