2023
Cairn
Christian Ferrié, « Le don d’aimer », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.33orzy
Le don d’aimer à l’origine du don et du contre-don en est l’élément et le moment d’ordre affectif sans lequel aucune donation ne serait possible. Le don contre don aimant n’est jamais un donnant-donnant équivalent : il n’y a aucune mesure entre ce que la mère donne à l’enfant et ce qu’elle reçoit en retour. Aimer est en ce sens toujours un don et jamais un dû, de sorte que le devoir d’aimer s’avère indu : ce qui vaut plus encore de l’exigence d’une prestation sexuelle au nom du devoir conjugal. La transmutation du don en dû provoque une dégénérescence de la générosité fourvoyée en dévouement sacrificiel. Même si la gratitude est bien due en réponse au don reçu, l’obligation morale et sociale de rendre exige un supplément d’âme pour être convertie en contre-don généreux grâce au don d’aimer.