2016
Cairn
Jérémie Salvadero, « La plus ou moins grande gueule des analystes », Essaim, ID : 10670/1.33ovh5
Qu’en est-il du destin de la pulsion dans la cure et au-delà ? Comment est vécue la pulsion à la fin d’une analyse ? Lacan indique l’importance de tenir compte, dans la sélection des analystes, d’une constance maintenue de la poussée manifestée par une ouverture, celle d’une plus ou moins grande gueule. Cet article explore l’implication de la pulsion orale sur les scènes de l’intension et de l’extension de la psychanalyse en proposant quelques hypothèses quant à l’accueil de la demande, la réception du discours courant et la médiatisation des analystes, pour ouvrir une interrogation quant aux modalités par lesquelles un analyste peut s’avancer sur la scène publique. Est-il juste de dire que la précarité liée au discours analytique comme discours non établi est redoublée par les attaques quant à la légitimité de cet exercice ?Au-delà d’une interrogation sur un usage conceptuel, ne devons-nous pas repérer dans la force créatrice que l’on rencontre si fréquemment dans la psychose, la tentative de circonscrire et d’inscrire en même temps la trace de ce qui fait originairement et en creux défaut au sujet psychotique, et qui le menace à la fois ? Le processus de création dans cette structure peut nous renseigner sur le rapport de ces sujets à leurs objets, et à leur foisonnement dans le réel. Mais que dire de cet effort permanent, de cette poussée, constante peut-être, qui insiste à s’exprimer, à construire, quelquefois de manière si efficace pour nous tous ? L’« Unglauben » dont parle Freud pour la psychose et que Lacan reprend à plusieurs reprises, cette non-croyance au vide dont procède en lui-même le désir, serait-elle en jeu dans la créativité ?Nous tenterons également dans cette perspective de rendre compte du travail cinématographique de Perrine Michel, qui par son film de 2014, Lame de fond, nous donne si finement un accès à cette question de la trace, autant qu’à la nécessité subjective de la border.