La voix des intellectuels à la radio des années 1920 (France-Italie)

Résumé Fr

À partir des années Dix, une certaine idée de poésie sonore et radiophonique ou sur disque commence à se diffuser chez un petit nombre d’auteurs d’avant-garde, car la diffusion radiophonique semblait couronner pour eux la pratique de la déclamation des poèmes et de la conférence publique qui était déjà très répandue, par exemple chez Marinetti et Apollinaire. En effet Marinetti évoque dans un manifeste de 1913 l’idée d’utiliser les nouvelles technologies pour enregistrer sur disque des poèmes ; de son côté, Apollinaire imagine de créer des disques poétiques. Des deux côtés des Alpes, la radio devient un instrument privilégié. Dans des photos d’André Kersétz de 1927, on trouve le poète Paul Dermée et les peintres Michel Seuphor et Enrico Prampolini en train de travailler peut-être à des expériences radiophoniques, ou bien, selon Luciano Chessa, ils étaient en train d’utiliser les outils propres à la radio pour mener des expériences d’ordre ésotérique. En 1928, l’un des pionniers de la création radiophonique en France, Paul Deharme, publie un manifeste intitulé Proposition d’un art radiophonique, qu’il développe en 1930 dans l’essai Pour un art radiophonique. Le peintre futuriste Arnaldo Ginna, de son côté, écrit dès 1928 Art de la radiophonie, et s’interroge d’un point de vue technique et esthétique sur les rapports entre radio et art phonique. En 1933 Marinetti et le poète Pino Masnata publient Le manifeste de la radio et l’année suivante, le futuriste italien Fortunato Depero publie des Poèmes radiophoniques, annonçant également la parution d’un disque futuriste. Cette contribution vise donc à explorer la relation entre radio et avant-garde entre 1920 et 1930 à partir de l'analyse de différents types de matériel : des enregistrements conservés sur disque aux photographies, des articles aux programmes radiophoniques. Le but de la recherche est celui de revenir sur les prémisses conceptuelles de l’artificialisme intégral propre au Futurisme en étudiant les sources intellectuelles, culturelles et historiques de « l’homme mécanique » et, par conséquent, l’une des origines idéologiques du transhumanisme. L’étude des débuts de la radiophonie avant-gardiste renvoie en effet à la fois esthétiquement et anthropologiquement à la genèse de l’homme nouveau dont les avant-gardes – et le Futurisme en particulier – ont été parmi les premiers promoteurs. L’examen de l'esthétique, des modèles et des catégories qui ont été inventées par les avant-gardes vise à examiner également le possibles liens entre la création radiophonique des années 1930 et celle des années 1970, en Italie et en France.

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