Un devoir d’être soi

Fiche du document

Date

2 décembre 2024

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiants
Source

Phantasia

Relations

Ce document est lié à :
Volume 14 - 2024 : Devenir soi, former son caractère : Emerson, Mill, Nietzsche

Ce document est lié à :
p. 140-161

Organisation

Université de Liège


Résumé Fr En

Dans le § 25 du premier tome d’Humain, trop humain, Nietzsche distingue une morale privée d’une morale universelle qu’il attribue à Kant. S’il y a quelque chose comme une morale nietzschéenne (bien différente de ce qu’il appelle « la morale », à savoir celle héritée du platonisme et du christianisme), elle doit consister en quelque chose de « privé » parce qu’elle diffère d’un individu à un autre. Cela ne signifie évidemment pas que Nietzsche serait relativiste, mais simplement qu’une morale ne peut se dessiner que vis-à-vis de notre complexion et que celle-ci est toujours proprement idiosyncrasique, formée par l’histoire unique qui nous fait être ce que nous sommes. Mais comment peut-on alors parler sans contradiction d’un véritable devoir d’être soi-même ? D’autant plus dans le sillage d’une conception romantique qui va inspirer les trois auteurs que nous voulons interroger et selon laquelle chacun est absolument singulier ? Nous tâcherons ici d’analyser ce devoir si singulier qui nous commande d’être, de développer ou de devenir ce soi-même et de voir comment se construit une forme de morale alternative au kantisme à partir de là. Nous verrons ainsi qu’Emerson pense un devoir d’être soi qui, s’il ne fait fi de la morale kantienne, pense l’individu en dehors de la norme commune. Avec son utilitarisme, Mill dessine une autre forme de morale, plus susceptible de faire coïncider devoir de se développer et progrès de l’humanité tout entière. Enfin, Nietzsche balaie complètement la morale kantienne pour penser un devoir de devenir soi absolument antinomique de celle-ci et dont le premier geste constitue une condition.

In § 25 of the first volume of Human, All Too Human, Nietzsche distinguishes between a private morality and a universal morality that he attributes to Kant. If there is such a thing as Nietzschean morality (quite different from what he calls “morality,” namely that inherited from Platonism and Christianity), it must consist of something “private” because it differs from one individual to another. This does not, of course, mean that Nietzsche is a relativist, but simply that morality can only be defined in relation to our complexion, which is always idiosyncratic, shaped by the unique history that makes us what we are. But how, then, can we speak without contradiction of a genuine duty to be oneself? All the more so in the wake of the Romantic conception of each individual as absolutely singular, which inspired the three authors we wish to examine. We will attempt to analyze this singular duty to be, to develop, or to become this self, and to see how an alternative form of morality to Kantianism is constructed from it. We will thus see that Emerson conceives of a duty to be oneself that, while not ignoring Kantian morality, thinks of the individual outside the common norm. With his utilitarianism, Mill sketches out another form of morality, more likely to make the duty of self-development coincide with the progress of humanity as a whole. Finally, Nietzsche completely sweeps aside Kantian morality to conceive of a duty to become oneself that is absolutely antinomic to it, and of which the first gesture constitutes a condition.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines