2013
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Maud Gaultier, « Les entrelacs de la simplicité et de la complexité dans le langage de l’enfance : Horacio Quiroga, María Elena Walsh, José Sebastián Tallon », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.345800...
Horacio Quiroga, grand écrivain du Río de la Plata, dont une importante partie de l’œuvre est destinée au public enfantin, justifie, dans le prologue à Cartas de un cazador, la simplicité de son style par la nécessité d’être parfaitement compris des « jeunes enfants ». Si, en effet, comprise comme la nécessaire adaptation à la capacité d’intellection des enfants, la simplicité semble a priori être consubstantielle à la littérature enfantine, l’analyse d’un corpus de textes argentins pour la jeunesse nous permet de montrer à quel point les stratégies mises en œuvre pour atteindre le jeune public diffèrent d’un auteur à l’autre. Si certains écrivains, au début du vingtième siècle, au nom des limitations inhérentes à la jeunesse du public, sont tombés dans le piège de la simplification à outrance, affadissant leurs œuvres par souci de clarté, nous pouvons distinguer désormais, dans la production contemporaine, deux attitudes bien distinctes. La première consiste à jouer habilement avec la langue sans renoncer à la complexité : le style peut être volontairement alambiqué, ambigu, difficile d’accès. Ainsi, María Elena Walsh, par exemple, n’hésite pas à créer de nombreux néologismes, à jouer sur la polysémie des mots ou à conserver à certains énoncés leur caractère énigmatique. La seconde attitude consiste à considérer la simplicité comme un véritable idéal esthétique, ce qui instaure avec le public enfantin un autre type de rapport aux textes.