2021
Cairn
Henry Zhao et al., « Postologies et nouveaux conservatismes », Monde chinois, ID : 10670/1.3527vs
Ce texte est important pour deux raisons. D’abord, c’est la première fois qu’est utilisé le terme de « houxue » – traduit ici par postologie – pour regrouper, non sans une pointe d’humour, les différents discours « post- », poststructuralisme, postmodernisme, postcolonialisme, postsocialisme ou postrévolutionnaire qui ont fleuri en Chine au lendemain des drames nationaux et internationaux de l’année 1989. Si ces discours théoriques, importés d’Occident ont été méthodiquement introduits en Chine dès le début des années 1980, notamment avec les travaux novateurs de Yue Daiyun (樂黛雲) dans le domaine de la littérature comparée, la spécificité des discours post- entendus comme houxue, est qu’à la différence du postmodernisme, ou du postcolonialisme, les houxue sont exclusivement orientés contre un Occident perçu comme impérialiste et/ou hégémonique. Tout l’appareil théorique critique contre les discours du pouvoir sont savamment ignorés. C’est ce que montre ce texte avec une pertinence que l’on peut qualifier de pionnière. À ce titre, cette traduction peut intégrer les différents textes déjà publiés par Monde Chinois Nouvelle Asie sur le thème des Lumières chinoises2. En effet, les différents discours qui forment les houxue partagent la volonté unique de remettre en cause, l’ensemble de ce qui a été fait en Chine et ailleurs au nom de la modernité. On laissera cette antinomie continuer à travailler un Parti communiste, justement né de ce que le regretté Arif Dirlik appelait la « victoire » du moderne. Le Parti n’étant plus à une équivoque près quant à sa légitimité historique. L’importance de ce texte est donc qu’il met le doigt sur ce « pli » intellectuel conservateur qui marque encore aujourd’hui le renouveau théorique d’un discours nationaliste devenu plus petit dénominateur commun de l’idéologie3.