2023
Cairn
Baptiste Cervantes et al., « Cancers colorectaux avec instabilité microsatellite : les avancées thérapeutiques et les interrogations », Hépato-Gastro & Oncologie Digestive, ID : 10670/1.3548o0
Le phénotype MSI (microsatellites instables) est lié à une déficience du système de réparation des mésappariements de l’ADN (dMMR) et est observé dans 5 % des cancers colorectaux métastatiques (CCRm). La recherche du phénotype dMMR/MSI doit être systématique pour tous les CCR quel que soit le stade. Deux techniques complémentaires avec une concordance élevée (90-97 %) permettent de déterminer le statut dMMR/MSI d’une tumeur : l’immunohistochimie (IHC) et la Polymerase Chain Reaction (PCR). Depuis 2020 et la présentation des résultats de l’étude de phase III KEYNOTE 177, le pembrolizumab est le nouveau standard de prise en charge pour les patients avec un CCRm dMMR/MSI en première ligne. Aujourd’hui, aucune association de chimiothérapie ± thérapie ciblée avec un inhibiteur de checkpoints immunitaires (ICI) n’est validée dans la prise en charge du CCRm dMMR/MSI, et on ignore si l’association d’une chimiothérapie à un ICI peut être bénéfique. On ignore également si une bithérapie associant deux ICI est plus efficace qu’une monothérapie. Plusieurs essais de phase III sont en cours pour répondre à ces questions. Malgré un taux élevé de réponse et l’efficacité durable d’une première ligne par anti-PD1, 30 à 50 % des patients atteints d’un CCRm dMMR/MSI présentent une progression soit d’emblée, soit secondaire. Il n’existe aucun biomarqueur validé pour être utilisé en clinique qui soit prédictif de la résistance aux anti-PD1 ± anti-CTLA4 chez ces patients. En cas de progression d’emblée sous ICI, la possibilité d’une pseudo-progression ou d’une erreur de diagnostic du statut dMMR/MSI doivent être évaluées. Il n’existe à ce jour pas de données sur l’utilisation des ICI en situation adjuvante pour les CCR réséqués dMMR/MSI. Les données s’accumulent, en revanche, concernant l’efficacité des ICI en situation néoadjuvante dans le CCR, avec dans les études deux tiers des patients en réponse complète pathologique (pCR) permettant d’envisager dans le futur des stratégies de « Watch-and-Wait ».