2019
Cairn
Jean-Pierre Hauet, « Le gaz : atout ou obstacle dans la recherche de la neutralité carbone ? », Annales des Mines - Responsabilité et environnement, ID : 10670/1.35imhf
Le gaz naturel a joué un rôle essentiel dans le développement économique de notre pays. Les installations en place, en particulier les réseaux, constituent un actif dont la valeur est considérable. Mais les orientations nouvelles de la politique énergétique visant à atteindre la neutralité carbone dès 2050 posent un problème majeur à l’industrie du gaz.Le problème de la France se pose de façon très différente de celui rencontré au niveau international, où, dans de nombreux pays, le gaz apparaît comme une voie privilégiée pour remplacer le charbon, dans la production d’électricité tout particulièrement. Ce n’est pas le cas en France du fait du niveau de développement atteint par le nucléaire et bientôt par les énergies renouvelables.Le gaz, bien qu’il soit une énergie peu polluante, est une énergie carbonée, dont le maintien en l’état serait incompatible avec l’atteinte de la neutralité carbone, en particulier dans le secteur résidentiel et tertiaire qui représente 65 % de son marché des utilisations finales. On notera que la Grande-Bretagne, après les Pays-Bas, vient d’annoncer que le chauffage au gaz des bâtiments neufs sera interdit au-delà de 2025.En France, le gaz doit se réinventer un modèle d’affaires, dont les contours précis restent à définir et donnent aujourd’hui lieu à débat. Il s’agit en effet de déterminer les ressources décarbonées, dites de gaz renouvelables, qui pourront être à l’avenir mobilisées dans des conditions économiques acceptables, et d’identifier les secteurs vers lesquels ces ressources pourront être orientées en priorité. Dans cet article, nous donnerons quelques orientations sur ce point, tout en soulignant que l’atteinte de l’objectif de neutralité carbone dès 2050 est excessivement prégnante. L’énergie est une affaire de temps long, l’appareil gazier doit donc avoir le temps de s’adapter et de préparer des solutions qui pourront se développer au cours de la deuxième partie du siècle, l’hydrogène et le captage/stockage/utilisation du CO2, notamment.