Sympathie et compassion chez Descartes

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Cet article entend revenir sur la critique cartésienne du concept de sympathie. Exemple paradigmatique de qualité occulte de l’ancienne physique, la sympathie, en son sens à la fois physique et psychologique, fait l’objet d’une disqualification, relativement indirecte, dont on cherche à suivre les étapes, de l’ Abrégé de musique aux Passions de l’âme. Les liaisons, ponctuellement inexpliquées, des corps et des âmes, ne procèdent plus de cette qualité inexplicable, elles se comprennent, pour Descartes, comme l’effet de certaines modifications de l’étendue et de l’accoutumance engendrée par l’histoire individuelle. Au lieu d’une sympathie spontanée telle que la penseront certains auteurs du siècle suivant, la communication avec les passions d’autrui est assurée par une compassion dont la plus haute forme procède de la disposition généreuse.

This paper looks back at the cartesian critique of the concept of sympathy. Paradigmatic example of an occult quality in ancient physics, sympathy, in both its physical and psychological meaning, is quite indirectly disqualified from Descartes’ philosophy. We seek to follow the steps of this disqualification from the Compendium Musicae to the Passions of the Soul. The connections, occasionally unexplained, of bodies and souls, are no longer generated by this inexplicable quality, they are understood, by Descartes, as the effect of certain modifications of matter and of the habituation produced by individual history. Instead of a spontaneous sympathy such as certain authors of the following century would think, communication with others’ passions is ensured by a specific form of compassion whose highest degree comes from the generous disposition.