Pandémie de COVID-19 : la grande pauvreté à l’épreuve de la levée du confinement

Résumé En Fr

Introduction: The way in which the COVID-19 pandemic was handled resulted in public health measures that had varying impacts on different segments of society. We consider the experience and feelings of a group of ATD Fourth World activists in precarious living situations, specifically during the end of the first lockdown period. Purpose of research: In this article we will analyze, from their speech, the risk perception and the related attitudes in this specific period (April to July 2020). Results: The end of lockdown represented a liminal state where fear was ever-present. Their behaviors were affected, some not daring to go outside while others feeling liberated. The masks, an essential element of protection in order to go outside, and their financial accessibility, did not seem to be equally available to all. Moreover, they had many questions about the consequences of positive test results or even the possibility of being a “contact case”. These questions seemed provoked out of fear of social control, and personal fear of disruption of their daily lives. Conclusions: Our data, based on a collection gathered over time in order to grasp the evolution of risk representation as well as the contradiction between representation and attitudes, also reveals different levels of rationality that prevail in their ambivalent attitudes in a context of scientific uncertainty. The lifting of confinement measures produced a change in prevention model, from a constraining one to a hybrid one, involving individual responsibility.

Introduction : La gestion de la pandémie de COVID-19 a fait l’objet de mesures de santé publique à l’impact variable sur les différents segments de la société. Nous restituons l’expérience et le vécu d’un groupe de personnes en situation de précarité, engagées dans le mouvement ATD Quart-Monde, sur la période spécifique de levée du premier confinement. But de l’étude : Dans cet article, nous analysons les représentations du risque et les attitudes qui en découlent, à partir de discours des personnes interrogées, recueillis d’avril à juillet 2020. Résultats : La levée du confinement reste un entre-deux où la peur est encore présente. Cela a des effets sur les attitudes des personnes interrogées, certaines n’osent pas sortir alors que d’autres se sentent libérées. La disponibilité des masques est, dans cette période, un élément essentiel de protection pour sortir de chez soi, et leur accessibilité financière problématique. De plus, elles se posent de nombreuses questions sur les tests et les conséquences d’un résultat positif ou si elles étaient « cas contact », par peur du contrôle social et craignant une déstabilisation de leurs existences. Conclusion : Nos données se sont appuyées sur un recueil au fil du temps, afin de saisir l’évolution des représentations du risque, parfois les contradictions entre représentations et attitudes, et ce dans un contexte d’incertitude scientifique, révélant aussi différents ordres de rationalité qui président aux attitudes ambivalentes des personnes interrogées. La levée du confinement produit un changement dans le modèle de prévention, passant d’un modèle contraignant à un modèle hybride, mobilisant notamment la responsabilité individuelle.