2010
Cairn
Jean-Baptiste Lecuit, « Y a-t-il un désir naturel de Dieu ? », Revue d'éthique et de théologie morale, ID : 10670/1.36wjx2
La question du désir naturel de Dieu requiert quelques repérages, par exemple du côté du rapport désirant de l’humain à celui qu’on appelle Dieu. Dans quelle mesure Dieu est-il un corrélat nécessaire de notre humanité ? Le terme « désiré » prête déjà par lui-même à confusion : il relève d’une catégorie ontologique et non pas psychologique à l’époque antique et médiévale. Suarez semble avoir été le premier à rejeter l’idée de désir naturel de Dieu. Puis, Henri de Lubac s’est fermement opposé au système de la pure nature ; d’aucuns ont vu dans l’encyclique Humani Generis (1950) une condamnation de de Lubac. La parenté avec la thèse rahnérienne est cependant intéressante à étudier. Quant à H. Bouillard, il proposa le remplacement de « surnaturel » par « théologal », « eschatologique » ou « christique ». Vatican II marque la réhabilitation des thèses lubaciennes, et Antoine Vergote permet aujourd’hui de renouveler ce débat difficile. In fine, quel Dieu désire-t-on ? La culture sécularisée que redoutait de Lubac pose aujourd’hui cette question avec d’autant plus d’acuité dans un contexte de valorisation de l’intersubjectivité.