2002
Cairn
François Piette et al., « L'emploi d'un médicament nouveau chez les personnes âgées : terra incognita », Gérontologie et société, ID : 10670/1.373vn8
Les gériatres sont de plus en plus mal à l’aise vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique et des autorités de santé qui, au-delà des discours de façade, continuent respectivement à commercialiser et à laisser commercialiser des médicaments qui n’ont pas été étudiés chez les patients âgés. Les recommandations de la FDA (Food and Drug Administration) et de l’ICH (International Conference for Harmonisation), remontant à 10 ans et plus, stipulent de ne pas mettre de limite supérieure d’âge dans les essais thérapeutiques, d’y inclure des patients hétérogènes et de réaliser des études avec pharmacocinétique et pharmacodynamie de population. Les auteurs s’interrogent sur l’évolution de ce phénomène de décalage entre les patients des essais et les patients auxquels le nouveau médicament est prescrit et sur sa mise en relation avec la forte incidence des effets secondaires des médicaments chez les sujets âgés dans un contexte de judiciarisation de la médecine. Ils plaident pour une prise de conscience commune des industriels et des autorités de santé afin que ces études se réalisent et puissent bénéficier aux industriels et non leur nuire. A défaut, des attitudes individuelles plus ou moins critiquables des prescripteurs concernant les nouveaux médicaments ne manqueront pas d’apparaître telles que le refus de prescrire, la demande de signature de décharge auprès des patients ou les demandes d’essais randomisés individuels.