Ce qui compte ne peut être compté (Incompatible comptabilité)

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2022

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Bernard Vandermersch, « Ce qui compte ne peut être compté (Incompatible comptabilité) », Essaim, ID : 10670/1.37vlcx


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Les humains comptent, se comptent et se racontent. « Compter » et « conter » ont d’ailleurs la même étymologie computare. Car nombre et signifiant ont même origine dans ce que Lacan appelle « trait unaire ». C’est à ce trait commun qu’on doit que les comptes ne sont jamais « vraiment » apurés et que les contes n’ont pas de « vraie » fin. Car ce qui compte pour le conteur ou le calculateur fait défaut : c’est la cause même de qui agit dans le sujet.Faute de se dire, cette cause peut-elle au moins être chiffrée ? Elle apparaît dans la cure, au moins chez le névrosé, comme l’étant déjà dans un système littéral. Mais il ne s’agit pas de nombres à proprement parler. Si des chiffres apparaissent dans la cure, c’est plutôt comme lettre ou signifiant.La névrose obsessionnelle suggère par ses symptômes que c’est dans le secret de la structure qu’on trouvera des nombres qui la spécifient. Ce sont « des nombres de » quelques traits discriminants.Quant aux nombres définis circulairement par les mathématiciens comme « éléments d’un ensemble de… nombres », ils dessinent à leurs yeux de superbes architectures célestes. Ce sont peut-être des êtres de rêve, mais leur naissance a bien souvent coûté cher à leur créateur. Chose étrange, si peu intuitifs qu’ils paraissent, ils finissent souvent par descendre sur terre pour permettre la fabrication d’objets brillants substituables à l’obscur objet du désir, occasion de nouvelles addictions sans rêve.

Human beings count, are counted and recount. For that matter, counting and recounting (narrating) share the same etymology “ computare”. For the number and the signifier have the same origin in what Lacan calls the “unary trait”. It is this common trait that explains why accounts are never “really” settled and tales (contes) have no “real” ending. Because that which counts for the storyteller (conteur) and the calculator is lacking: it is the very cause that acts in the subject.Left unsaid, can this cause be at least numbered? In the cure, at least for the neurotic, it appears to be already within a literal system. But it is not a question of numbers strictly speaking. When figures arise in the cure they appear rather as letter or signifier.Obsessional neurosis suggests through the symptoms that it is in the secret of the structure that one finds the numbers that specify it. They are “numbers of” certain discriminatory traits.As for numbers circularly defined by the mathematicians as, “elements of a set of ... numbers”, they designate in their eyes one of the superb celestial architectures. They are perhaps dream beings, but their birth is often paid dearly by their creator. Strangely enough, whilst appearing not very intuitive, they often end up descending on earth to enable the fabrication of shiny glittering objects as substitutes for the obscure object of desire, an opportunity for new dreamless addictions.

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