2016
Cairn
Christian Harbulot, « Le monde du renseignement face à la guerre de l’information », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.389jdk
Le passage progressif à la société de l’information a modifié la nature des enjeux stratégiques dans l’usage offensif de l’information. Les premiers à l’avoir compris furent les services de renseignement de la jeune république soviétique qui, après la révolution de 1917, cherchèrent à populariser les idées communistes en infiltrant les milieux intellectuels occidentaux afin d’en faire des caisses de résonance indirecte au service de leur cause. La Seconde Guerre mondiale, la guerre froide et la guerre du Viêt Nam ont intronisé une nouvelle forme de guerre : la guerre de l’information. Les conflits de la fin du xxe siècle et du début du xxie siècle ont confirmé cette relation de plus en plus étroite entre la conduite d’une guerre militaire classique et l’orchestration d’une guerre de l’information dans des situations de plus en complexes, à l’image de la situation syrienne. Le monde du renseignement, qui fut à l’origine très en pointe dans cette nouvelle forme de gestion de l’affrontement, est bousculé dans ses certitudes par les dynamiques subversives initiées par les groupes terroristes et par des mouvances politico-religieuses qui cherchent à miner les fondements des démocraties. En France, la dimension économique de la guerre de l’information est encore suivie de manière très diffuse et sans réelle réflexion de la part du pouvoir politique sur sa portée stratégique.