Sujet : La centralité du loyer dans les arbitrages budgétaires des ménages à revenus instables à Abidjan: Une approche des dynamiques de précarité et de survie économique

Résumé En Fr

This study highlights the effects of economic insecurity and housing conditions on households with unstable incomes in Abidjan, particularly those in the informal sector. Using a mixed methodology combining qualitative and quantitative approaches, with a sample of 100 informal workers and 50 institutional actors, the analysis focuses on the relationship between housing costs, food, educational, and healthcare insecurity, and the survival strategies adopted by these households. The results reveal that rent consumes an disproportionate share of income, between 40 and 60%, far above the 30% threshold recommended by UN-Habitat, forcing households to make harsh trade-offs that affect their access to essential goods and services such as food, education, and healthcare.Adaptation strategies primarily include diversifying sources of income, with 85% of households engaged in informal activities. Informal debt and community support networks (interpersonal solidarity) have become crucial mechanisms for managing precarity. Furthermore, residential mobility that leads some households to move to cheaper but poorly serviced peripheral neighborhoods exposes the processes of marginalization and spatial relegation of vulnerable populations. This dynamic of relegation exacerbates social exclusion and reinforces socio-economic inequalities by limiting access to critical resources such as education, health, and transportation.The study advocates for a reform of public policies to effectively integrate informal workers into formal social protection systems.Keywords: Economic insecurity, Housing, Informal work, Adaptation, Social inequalities, Public policies.

Cette étude met en lumière les effets de la précarité économique et des conditions de logement sur les ménages à revenus instables à Abidjan, en particulier ceux appartenant au secteur informel. En adoptant une méthodologie mixte, combinant des approches qualitatives et quantitatives, avec un échantillon de 100 travailleurs informels et 50 acteurs institutionnels, l'analyse s'intéresse à la relation entre la charge locative, la précarité alimentaire, éducative et sanitaire, et les stratégies de survie adoptées par ces ménages. Les résultats révèlent que le loyer représente une part disproportionnée des revenus, entre 40 et 60 %, bien au-dessus du seuil des 30 % recommandé par l'ONU-Habitat, contraignant les ménages à des arbitrages sévères affectant leur accès à des biens et services essentiels tels que la nourriture, l'éducation et la santé. Les stratégies d'adaptation se manifestent principalement par la diversification des sources de revenus, avec 85 % des ménages impliqués dans des activités informelles. L'endettement informel et les réseaux d'entraide communautaire (solidarité interpersonnelle) deviennent des mécanismes indispensables de gestion de la précarité. Par ailleurs, la mobilité résidentielle, qui oriente une partie des ménages vers des quartiers périphériques moins coûteux mais dénués d'infrastructures essentielles, révèle les processus de marginalisation et de relégation spatiale des populations vulnérables. Cette dynamique de relégation accentue l'exclusion sociale et renforce les inégalités socio-économiques en limitant l'accès à des ressources critiques comme l'éducation, la santé et le transport. L'étude plaide pour une réforme des politiques publiques, en vue de l'intégration effective des travailleurs informels dans des dispositifs de protection sociale formalisés.