Un ministre du gouvernement de Vichy dans le Nord occupé. La visite d'Abel Bonnard, ministre de l'Éducation nationale à Lille, 13 juillet 1942

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Le 13 juillet 1942, Abel Bonnard, nommé ministre de l’Éducation nationale dans le nouveau gouvernement Laval, en avril de la même année, vient à Lille présider la cérémonie de distribution des prix du lycée Faidherbe. Il en profite pour se faire présenter l’ensemble des divers ordres d’enseignement et pour prononcer un long discours où il fait l’apologie du régime de Vichy et justifie le choix de la collaboration au nom de la nouvelle Europe à construire. Chantre de la collaboration, passant progressivement de l’héritage maurrassien à une réelle conversion au fascisme, Abel Bonnard exhorte alors les universitaires nordistes à le suivre dans cette voie et les invite à former la jeunesse dans ce sens. Cette visite ministérielle, au cœur de la zone interdite, ne réussit cependant pas à convertir les universitaires à la politique de Vichy, ces derniers continuant à défendre d’autres valeurs, héritées de 1789 et de la philosophie des Lumières. Reflet des illusions du régime, cette visite permet aussi de comprendre la spécificité de la zone rattachée marquée par les souvenirs de l’occupation allemande de 1914-1918, la crainte de l’annexion, la force de l’anglophilie et la haine de l’occupant allemand.

On July 13, 1942, Abel Bonnard, appointed Education Secretary in Laval’s new government in April of the same year, comes to Lille to preside over the prize-giving ceremony of the Lycée Faidherbe. He takes advantage of this opportunity to have himself introduced all the various teaching orders and to deliver a long speech in which he vindicates the Vichy Régime and justifies the choice of collaboration in the name of the new Europe to be built. Upholder of collaboration, moving gradually from the Maurras heritage to a real conversion to fascism, Abel Bonnard exhorts then the Nord academics to follow him in this direction and urges them to train the youth along these lines. This ministerial visit, in the heart of the forbidden zone, will not, however, convert the teaching profession to Vichy’s policy, this latter continuing to defend other values, inherited from 1789 and the Enlightenment. This visit, a token of the regime’s illusions, allows also to understand the specificity of the « zone rattachée » marked by the memories of the German occupation of 1914-1918, the fear of annexation, the force of anglophilia and the hatred of the German occupant.