7 décembre 2023
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Sambou Diaby, « DE LA DYSFONCTION : une approche systémique de la relation formation universitaire en SHS et employabilité sur le marché du travail au Mali », HAL-SHS : sciences de l'éducation, ID : 10670/1.3a4jbv
Les mutations socio-économiques et politiques des marchés de l’emploi (Voirol-Rubido, & Hanhart, 2015) exigent une prise en compte progressive des offres de formations en vue de les adapter aux besoins spécifiques des pays. L’enseignement supérieur devrait, dans cette dynamique, jouer un grand rôle dans la réorganisation de la relation formation/emploi. Cette thèse se penche alors sur les complexités entourant l’employabilité des étudiants en Sciences Humaines et Sociales (SHS) au Mali, en mettant l’accent sur la dysfonction institutionnelle qui entrave ce processus. Elle adopte une approche systémique en analysant les facteurs macro, méso, et micro qui influencent cette problématique. À partir d’une lecture sociologique de l’acteur et le système (Crozier & Friedberg, 1977 ; Dubet, 1994 ; Bourdieu, 1994 ; Bourdieu & Passeron, 1970 ; Boudon, 1991 ; 2002), de la sociologie de l’acteur réseau (Akrich, Callon & Latour, 2006) et de la sociologie des curricula (Forquin, 1984, 1991, 2008 ; Bernstein, 2007), cette thèse se propose d’interroger les logiques et les dynamiques institutionnelles, sociopolitiques et pédagogiques qui structurent et organisent le dysfonctionnement universitaire. Dysfonction qui conduit à la problématique de l’employabilité des diplômés en SHS au Mali. Notre enquête de terrain s’est basée sur une méthode mixte associant l’enquête par questionnaires adressés à 916 bacheliers et diplômés et l’enquête par entretien qui a concerné 44 individus répartis entre acteurs politiques, acteurs administratifs et acteurs pédagogiques (enseignants-chercheurs et étudiants). La mobilisation de ce type d’approche mixte (qualitative et quantitative) a permis de révéler des résultats riches à travers la triangulation et la complémentarité des données d’enquête. Du point de vue macro, en examinant les contextes politiques, institutionnels et pédagogiques qui encadrent le dysfonctionnement universitaire au Mali, les résultats mettent en évidence une gestion normative axée sur l’urgence plutôt que sur la prospective, entraînant une absence de régulation institutionnelle et de leadership démocratique. Les offres de formation ne suivent pas les évolutions du marché de l’emploi, ce qui contribue aux problèmes de l’employabilité. Ensuite, l’analyse se concentre sur la dimension administrative et pédagogique du fonctionnement universitaire, qui identifie les logiques et les mécanismes internes de gouvernance, de prise de décisions prospectives, de planification, de leadership, de gestion des enseignements et les ressources limitées. Les résultats révèlent à ce niveau méso, un manque de cohérence dans les contenus de formation, avec des aménagements disciplinaires souvent déconnectés les uns des autres. Ils révèlent aussi des pratiques individuelles et collectives de contournement des normes organisationnelles et institutionnelles qui contrarient la qualité des offres de formation. Enfin, l’analyse micro examine les dimensions individuelle et sociale de la construction des parcours de formation et d’insertion. Elle explore les modalités de recrutement, le rapport au savoir et la place du réseau relationnel dans le processus de formation et d’insertion des étudiants. Les résultats de cette dimension mettent en lumière le fait que les schémas du rapport au savoir des étudiants, qu’ils soient ou non construits autour de l’idée de la nécessité d’un réseau relationnel pour accéder à un emploi, exercent une influence significative sur leur intégration dans le marché du travail. En d’autres termes, l’adhésion à un réseau relationnel, qu’il soit d’ordre social, économique ou politique, se révèle ainsi comme un facteur déterminant dans la construction du parcours d’insertion. Cette recherche met en lumière les défis entourant l’employabilité des étudiants en SHS au Mali, en mettant en évidence les dysfonctionnements institutionnels et les stratégies d’action individuelles et collectives (…).