2015
Cairn
Jean Jessenne, « Législation nationale, administrations intermédiaires et pratiques locales : la mise en rythme des réformes agraires au Nord (vers 1760-vers 1795) », Revue du Nord, ID : 10670/1.3aaa1c...
Dans le cadre d’une réflexion sur l’originalité de la France septentrionale en révolution, le dossier agraire soulève à plein la question, qui est au cœur du processus révolutionnaire, de la conjugaison et de l’interaction toujours renouvelées entre d’une part les impulsions ou événements nationaux, d’autre part les exigences ou les refus dans le pays par les habitants eux-mêmes. Dans cette contribution, qui fait le choix d’un Nord largement compris entre Île-de-France et Flandres, nous observons ce processus en distinguant et associant les trois dimensions de la question agraire et de l’accès à la terre, à savoir la propriété foncière, mais aussi les modes d’exploitation, y compris sous forme communautaire, et inévitablement pour le xviiie siècle, l’emprise seigneuriale.En fait ces questions se posent dès le milieu du xviiie siècle dans la confrontation des changements et des blocages, qui est facteur de tensions dans les campagnes septentrionales. La mise en mouvement révolutionnaire pose immédiatement le problème de la compatibilité entre nouvelle législation et mobilisations paysannes, si bien que les comportements contradictoires s’aggravent au Nord de 1789 à 1792. Pas étonnant donc que le paroxysme révolutionnaire de 1792 à 1794, s’avère aussi une épreuve de vérité sur le plan agraire, à la fois par les équivoques de la législation, entre redistribution égalitaire et protection de la propriété, et par le test de l’application compliquée des dispositions législatives. Dans cette dynamique, le Nord s’avère souvent révélateur de phénomènes nationaux et parfois original.