13 décembre 2023
Open Access , http://purl.org/eprint/accessRights/OpenAccess
Grevisse, « Neurocognition de la production et du traitement des structures morphosyntaxiques complexes en français L1 et L2 », Octaviana, ID : 10670/1.3ae71f...
Avec ce travail de thèse, nous avons examiné les mécanismes neurocognitifs et les stratégies de production, dans le cas du traitement et de la production d’un exemple de complexité linguistique, à savoir le subjonctif présent en français, adoptés par les francophones natifs et par les bilingues italien-français et chinois-français. Nous avons utilisé deux techniques expérimentales : (1) l’électroencéphalographie (EEG) et (2) des tests de production (répétition de phrases et production ciblée). L’objectif a été de déterminer l’impact du niveau de maîtrise ainsi que la similarité-différence entre L1-L2, en réception et production, lors du traitement et de la production du subjonctif présent en français. Pour ce faire, nous avons mené deux expériences : dans l’Expérience 1, en réception, nous avons identifié les marqueurs neurophysiologiques impliqués dans le traitement du subjonctif présent dans le cas des locuteurs natifs du français et dans le cas des deux groupes de bilingues. Dans l’Expérience 2, en production, nous avons analysé les stratégies de répétition et de production de structures syntaxiques impliquant le mode verbal subjonctif présent. …/…Les résultats ont montré que les bilingues mettent à l’œuvre un traitement différent des locuteurs natifs soulignant des mécanismes neurocognitifs dépendant, d’un côté, du niveau de maîtrise en français mais aussi et surtout, de l’autre côté, de la similitude-distance entre la L1 des apprenants et le français L2. Plus précisément, grâce à l’Expérience 1, dans le cas de natifs francophones, nous avons trouvé un pattern ERP (L)AN/P600, dans le cas des bilingues italophones les résultats ont fait état d’un pattern ERP P3b et d’un autre pattern P600 fronto-central, dans les cas des bilingues avancés. En ce qui concerne les bilingues sinophones, nous avons trouvé un pattern N400-like et un P600-like, ce dernier étant moins représenté parmi les participants. …/…Les résultats de l’Expérience 2 montrent que les structures syntaxiques au subjonctif, produites par les Italophones, relèvent des problèmes de production et d’emploi du mode en question, alors que dans le cas des Sinophones, les structures syntaxiques indiquent des stratégies de production avec non seulement des anomalies relevant de l’emploi du mode mais aussi des anomalies relevant de la structuration syntaxique des phrases. Cette constatation nous suggère un fort impact de la L1 des apprenants. Pour conclure, nos résultats suggèrent donc que dans le cas de certaines structures morphosyntaxiques complexes de la L2, l’impact de la similitude-distance typologique entre L1-L2 est plus important que le niveau de maîtrise.