12 mai 2023
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Maeva Le Roy, « Administrer "l’esprit public" : pratiques de l’enquête et production de savoirs en France et dans le Nord de la péninsule italienne (1792-1814) », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.3bd47f...
La socio-histoire de « l’esprit public » que propose cette thèse a été écrite à partir de l’étude des enquêtes menées entre 1792 et 1814, à une période où l’administration française n’en a pas développé d’usage stabilisé. À la fin du mois d’août 1792, la première enquête sur l’esprit public est lancée, confiée à un groupe d’agents envoyés sur le territoire qui rédigent des rapports administratifs sur cet objet pour le ministère de l’Intérieur. Sous le gouvernement révolutionnaire et jusqu’au Directoire, les agents nationaux puis les commissaires du pouvoir exécutif sont chargés de rédiger, pour le Comité de Salut public puis pour le ministère de l’Intérieur, des comptes rendus périodiques sur divers objets dont l’esprit public. La volonté de connaître l’esprit public perdure sous l’Empire, dans le cadre d’une enquête menée par le ministère de la Police générale et confiée au corps préfectoral. Sa mise en œuvre est alors étendue aux territoires annexés par l’Empire et placés sous son orbite, regardés de près par les autorités. Se départant d’une définition de l’esprit public qui serait posée a priori, cette thèse interroge donc la manière dont les administrateurs ont appréhendé la catégorie et la façon dont le contenu de celle-ci a évolué au gré des changements de régime. Les pratiques d’enquête tour à tour mises en œuvre font apparaître trois moments caractéristiques de cette socio-histoire de l’esprit public : celui de sa légitimation et de son institutionnalisation dans les structures gouvernementales, celui de sa mise en place sur le terrain, celui enfin où le travail de bureau se formalise et transforme les données sur l’esprit public en savoirs administratifs puis en instruments de gouvernement, dont l’usage, élargi à différents territoires du Nord de la péninsule italienne, permet d’observer la circulation des savoirs administratifs.