Evaluation par la posturographie statique et dynamique des afférences sensorielles et du contrôle moteur de l'équilibration chez le judoka

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L'apprentissage et l'entraînement sportif permettent d'acquérir de nouvelles compétences topocinétiques, morphocinétiques et mentales contribuant à l'amélioration du contrôle postural et moteur du pratiquant. Les mécanismes d'intégration sensorielle et d'automatisation du geste divergent cependant selon la discipline considérée. L'hypothèse d'une éventuelle différenciation de l'adaptation posturale a été explorée en comparant, entre eux, des sportifs entraînés à l'équilibre selon des modalités différentes, afin d'apprécier, dans un second temps, l'incidence d'une pratique sportive particulière sur la fonction d'équilibration dans la vie au quotidien. Sujets - le contrôle postural de 31 judokas de haut niveau (dont 19 compétiteurs aux antécédents traumatiques) a été comparé à celui de 17 danseurs classiques professionnels et de 84 sujets témoins non initiés à ces deux arts. Matériel et procédure - les sujets, debout en position orthostatique stable, bras le long du corps, sur une plate-forme de forces verticales, ont eu pour consigne de maintenir leur état d'équilibre stable en dépit des contraintes qui leur sont imposées (suppression partielle ou totale d'une afférence sensorielle, modifications des conditions de support). L'enregistrement des déplacements du centre de pression des pieds couplé à une électromyographie intégrée de surface de deux muscles de la chaîne posturale ont permis d'apprécier les stratégies de régulation posturale. Résultats - en condition yeux ouverts, les meilleurs résultats aux différents tests posturographiques sont obtenus par les sportifs, et plus particulièrement par les judokas. En condition yeux fermés, les pratiquants d'arts martiaux demeurent les plus performants, indépendamment des conditions de support. L'étude électromyographique révèle en outre que les judokas restaurent précocement leur posture comparativement aux autres sportifs. Il s'avère enfin que les judokas aux antécédents traumatiques, privés ou non de l'afférence visuelle, réalisent les meilleurs performances en termes de maintien d'un état d'équilibre stable, à l'exception de ceux présentant les pathologies du membre inferieur les plus graves. Discussion et conclusion - la pratique régulière et rigoureuse de toute activité physique et sportive, quelle qu'elle soit, améliore le contrôle postural tant statique que dynamique, l'apprentissage du judo, privilégiant le canal somatosensoriel comme vecteur de la fonction posturale en toute circonstance, étant par ailleurs davantage bénéfique pour la fonction d'équilibration que celui de la danse. L'amélioration de l'équilibre consécutive à l'apprentissage des arts martiaux semble donc résulter du remodelage du système nerveux central, en termes de compensation ou de schéma corporel, par amélioration de la sensibilité des récepteurs somatiques et des processus d'intégration sensorielle. Ainsi l'apprentissage du judo contribue à augmenter les facultés d'adaptation sensori-motrice des combattants au quotidien en s'appuyant sur les processus cognitifs et réflexes sollicités dans l'action et intrinséquement liés au type d'afférences sensorielles privilégiées.