Le design à l’épreuve de l’éthique du care : retour réflexif pour un possible renouvellement des pratiques en design

Résumé Fr En

En raison de la multiplication des crises, le design doit continuer à s’atteler à ses paradoxes profonds et à proposer des solutions pour réparer ce qu’il a contribué à détruire. Cette situation trouble la discipline, l’appelant à de profondes mutations. L’objectif de cet article est de montrer comment les théories du care peuvent transformer les manières de penser et de faire du design dans ce contexte. Pour cela, il prend appui sur les quatre phases développées par Joan Tronto (2009), en tant que « processus actif » de la pensée du care, entendu comme réflexion sur l’éthique et comme pratique du soin. Ces phases donnent l’occasion de reconnaître la « vulnérabilité généralisée » de nos environnements et de nous-mêmes ; de réfléchir à l’interdépendance de tous les éléments (humains et non humains) ; d’investir à nouveaux frais la question de l’enquête pour le design ; enfin, de penser les pratiques de dépossession en design et l’implication des personnes dans les milieux. Le but de l’article est de réfléchir collectivement, en partant de cette théorie pratique et radicale, à la façon dont le design peut agir contre les systèmes établis à partir d’une réflexion pragmatique sur le « prêter attention » et le « prendre soin ».

Due to crisis multiplication, design must continue to tackle its deep paradoxes and propose solutions to repair what it has helped to destroy. This situation has an impact on the design discipline, which needs to handle profound changes. The purpose of this paper is to show how theories of care can transform ways of thinking and doing design in this context. To do so, it draws on the four phases developed by Joan Tronto (2009), as an “active process” of the thought of care, understood as a reflection on ethics and as a practice of care. First and foremost, it provides an opportunity to recognize the “widespread vulnerability” of our environments and of ourselves; afterwards, it makes us think about the interdependence of all elements (human and non-human); it also allows us to rethink—starting from scratch—the investigation issue for design; finally, it helps us to think about the practices of dispossession in design and the involvement of people in the environment. The purpose of this article is to think collectively, starting from this practical and radical theory, how design can act against established systems from a pragmatic reflection on “caring about” and “taking care of”.