Étude archéologique d’une marcairie. Masevaux, massif du Rossberg

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8 février 2020

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Jean-Baptiste Ortlieb et al., « Étude archéologique d’une marcairie. Masevaux, massif du Rossberg », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.3f33qc


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Débutée dans le cadre d’une thèse en histoire environnementale, l’étude archéologique du site de l’ancienne marcairie abbatiale (puis communale) de Masevaux s’étend sur deux ans. Elle propose d’en apprendre davantage sur les modes de vie et d’exploitation des pâturages d’altitude (ou chaumes) des plus hauts sommets des Hautes Vosges, aux périodes médiévale et moderne. Le terme de marcairie fait référence à un bâtiment agricole traditionnel, propre à l’exploitation laitière des bovins durant l’estive dans les Hautes Vosges. On y associe la figure du marcaire (de l’allemand melker), qui désigne la personne chargée de la traite des vaches et de la confection des fromages. Bien connues à partir de la fin de la période moderne, les marcairies sont moins bien documentées pour la période médiévale et la première modernité. Les sources d’archive en font mention mais permettent difficilement de renseigner l’architecture et les modes de construction de ces bâtiments. S’il est communément admis que le modèle de la marcairie a évolué au cours du temps, passant de constructions en bois à des constructions en pierre, aucune source historique ne permet de confirmer qu’un tel modèle ait pu concerner l’ensemble du massif. Une typologie proposée par Jérôme Raimbault, basée sur un étagement du bâti et distinguant les « grandes marcairies » des « petites marcairies », semble cependant s’imposer. En dehors des études architecturales menées sur des bâtiments postérieurs au XVIIIe siècle, les vestiges des bâtiments plus anciens n’ont jusqu’à présent fait l’objet d’aucune étude archéologique. Le projet d’étude que nous menons propose ainsi d’apporter de nouvelles données. Bâtie à 1080 mètres d’altitude, sur le versant sud de la chaume du Rossberg (68), l’ancienne « grande marcairie » abbatiale de Masevaux est aujourd’hui à l’état de ruine. Plus précisément, ce sont deux états distincts, distants l’un de l’autre d’une soixantaine de mètres, qui font l’objet d’une étude archéologique depuis septembre 2019. Une première phase d’étude des sources d’archives a en effet permis de confirmer l’existence d’un site au plus tard depuis la fin du XVe siècle. Possédé à l’origine par l’abbaye de Masevaux, ce premier bâtiment est remplacé en 1756 par une nouvelle marcairie, bâtie sur ordre de la ville de Masevaux pour remplacer le bâtiment antérieur. Le site archéologique du Rossberg a ainsi l’intérêt de se composer des vestiges de deux bâtiments non contemporains, bâtis à deux périodes différentes et relativement bien connus grâce aux textes et aux cartes anciennes. Menés sous la direction de Lucie Wissenberg, deux sondages archéologiques (un sur chaque état de la marcairie) ont été réalisés en septembre 2019. Ils ont permis de confirmer l’existence de ces deux états distincts et de les comparer. Un tronçon de mur a été incorporé dans chaque sondage, dans le but d’en apprendre d’avantage et de confirmer les modes de construction utilisés pour les deux bâtiments. Même si de façon générale, les maçonneries des deux sites ont largement été récupérées, une partie des élévations restent conservées, surtout pour le bâtiment du XVIIIe siècle. L’état de conservation général du site le plus ancien a également pu être appréhendé. Ce type d’opération en altitude demeure particulier, puisqu’il a nécessité la prise en compte de divers paramètres comme le pendage et l’érosion. Le mobilier retrouvé dans les deux sondages s’est avéré assez peu abondant. L’emprise stratigraphique reste quant à elle modeste, ce type de vestige étant marqué par la saisonnalité. La marcairie n’est en effet habitée qu’une partie de l’année, elle reste inoccupée en hiver, suivant le rythme de l’estive. Ces difficultés et limites permettent néanmoins de produire des indices primordiaux pour la compréhension de ce site. La campagne de sondages de septembre 2019 a enfin surtout été pensée dans le but d’organiser une fouille extensive prévue pour l’année 2020. Cette seconde phase prévoit de se concentrer sur le site le plus ancien, correspondant à la première marcairie « médiévale », remplacée au XVIIIe siècle. Une prospection géophysique au printemps 2020 devra d’abord permettre d’identifier l’emprise exacte et l’état de conservation de ce bâtiment. La fouille extensive, prévue en septembre 2020, devra quant à elle permettre d’affiner la chronologie du site. L’enjeu principal reviendra à en apprendre davantage sur les modes de construction des grandes marcairies, en altitude, pour le bas Moyen Âge et la première modernité. Ces données pourront être confrontées à celles connues à partir du XVIIIe siècle. Les résultats de la fouille devront également éclairer la recherche sur les techniques propres à l’estive sur les chaumes des Vosges.

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