Les relations culturelles entre Bretagne et Saintonge au Moyen Âge et la mention de Perceval dans un poème du troubadour Rigaut de Barbezieux

Résumé Fr

Les relations entre la Bretagne et la Saintonge commencent dès l'émigration des Bretons insulaires en péninsule armoricaine et s'inscrivent dans un réseau de contacts plus anciens et plus larges entre péninsule ibérique, Aquitaine, îles britanniques et Irlande. Saint Malo aurait été enterré à Saintes et son culte donna naissance à des pèlerinages croisés entre Saintes et Alet. Eutrope, premier évêque de Saintes, est aussi honoré en Bretagne. Le saint vannetais Emilion, en route pour Compostelle, s'arrêta et mourut, au huitième siècle, près du vignoble auquel il donna son nom. Au 11ème siècle, et sans doute avant, les marins bretons fréquentaient les côtes charentaises et saintongeaises, peut-être pour venir charger du vin ou des matériaux de construction. D'autres Bretons s'installèrent à Saintes et dans les environs au cours du 11ème siècle, d'autres encore sillonnèrent les routes de pèlerinage pour se rendre sur le tombeau de Malo ou jusqu'à Compostelle, par le Bas-Poitou, Saint-Jean d'Angély, Saintes, Bordeaux. C'est à la fin du 11ème siècle que se répand en Poitou, Charente et Saintonge la mode des noms arthuriens, Arthur et Gauvain principalement. Cette mode, venue de Bretagne par l'Anjou, ou directement le long des côtes atlantiques, se diffuse dans la noblesse locale en parallèle avec les légendes arthuriennes. Ainsi, on trouve un Gauvain chez les seigneurs de Tonnay-Charente, qui furent en relations avec les troubadours Jaufré Rudel et Rigaut de Barbezieux. Ce dernier, attesté au milieu du 12ème siècle, est le premier à mentionner Perceval et le Graal, quelques décennies avant Chrétien de Troyes.