1 avril 2024
http://hal.archives-ouvertes.fr/licences/etalab/ , info:eu-repo/semantics/OpenAccess
Sonja Kačar et al., « Démêler l’écheveau: Une révision du cadre chronoculturel du site de plein air datant du Paléolithique supérieur et du Néolithique ancien de Konjevrate (Dalmatie, Croatie) », HAL-SHS : archéologie, ID : 10670/1.3ka9uo
Le site de Konjevrate-Groblje est situé près d’un étang dans le village de Konjevrate, à environ 10 km au nord-est de Šibenik, en Dalmatie, Croatie. La majeure partie du site a été endommagée par la construction de l’église médiévale et moderne de Saint-Jean et de son cimetière. Des fouilles de sauvetage ont été menées dans les années 1980 et 1990, et le site avait alors été attribué, par la pré-sence de la céramique Impressa, au Néolithique ancien et interprété, par l’abondance des vestiges lithiques, comme un atelier de taille (Menđušić, 1990). Cependant, une révision des assemblages conservés au musée de Šibenik, l’obtention de nouvelles dates 14C et l’ou-verture d’une nouvelle fouille ont montré que la chronologie du site est en réalité beaucoup plus complexe. Si l’étude typo-stylistique de l’assemblage céramique confirme l’attribution à la phase Impressa (Korić et Horvat, 2018), ce que corroborent les datations au radio-carbone situant la fosse dans le premier quart du VIe millénaire av. J.-C., plusieurs dates indiquent la possibilité d’une occupation plus longue, jusqu’à la seconde moitié du VIe millénaire av. J.-C, c’est-à-dire au Néolithique moyen (McClure et al., 2014). Une séquence d’occupation plus complexe a en outre été suggérée par l’analyse interdisciplinaire de l’assemblage lithique (Kačar, 2019a ; Perhoč, 2020). La production, caractérisée par une diversité surprenante des roches utilisées, indique une véritable économie des matières premières et s’avère différente de tous les autres assemblages dalmates datant du Néolithique ancien. En effet, les données archéologiques montrent un recours exclusif aux matières premières d’origine exogène (Gargano, Italie) dans la production laminaire par pression durant le Néolithique, tandis que la production des lames et des lamelles, pour les périodes antérieures, se caractérise par l’emploi de matières premières locales et régionales, et de la percussion directe (Vukosavljević, 2012 ; Kačar, 2019b). De plus, les lames lustrées, dominantes au Néolithique, ne sont représentées dans le corpus que par un seul exemplaire. À cela s’ajoutent les découvertes acciden-telles signalées dans la zone du cimetière : une lame par pression au levier, mesurant 25,4 cm × 2,7 cm × 0,8 cm, découverte dans un contexte funéraire en 1979 ; et le rhyton en céramique de la phase Danilo, qui selon le prêtre de la paroisse a été trouvé près de la maison du vicaire dans les années 1990. Afin de confirmer le schéma culturel-chronologique nouvellement proposé pour le site, une fouille de révision a été menée en 2018. Les deux unités XI et XII ont alors été ouvertes. Alors que cette dernière se révélait archéologiquement stérile, dans l’unité XI, sous les couches également stériles SU1 et SU2, la couche SU3 était caractérisée par une abondance de vestiges lithiques, par une absence de céramique et par la rareté des artefacts organiques. L’analyse préliminaire des vestiges lithiques suggère une attribution épigravettienne (silex local et régional, production lamino-lamellaire par percussion directe, présence des lamelles et pointes à dos). Compte tenu des analyses préliminaires micro-morphologiques, qui suggèrent que l’absence d’éléments organiques ne peut pas être expliquée par les facteurs taphonomiques, il est possible d’interpréter cette occupation comme une zone d’exploitation du silex. Après une longue pause, le site fut fréquenté au Néolithique ancien, comme en témoignent une fosse ovale au sol recouvert de pierres, contenant de la poterie Impressa, des ossements d’animaux domestiques et quelques éléments lithiques (dominés par des lames en silex garaganique). Finalement, les découvertes sporadiques suggèrent une fréquentation du site durant les phases plus récentes du Néolithique, voire au Chalcolithique. Ces nouveaux éléments ne confirment pas les interprétations initiales et montrent l’importance des révisions des anciens assemblages, ce qui sous-entend un travail de spécialistes, ainsi que la nécessité de nouvelles fouilles.