14 septembre 2020
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Valentijn Gert, « La mystique naturelle dans l’œuvre poétique de Philippe Jaccottet », Loxias, ID : 10670/1.3leajo
La littérature française du XXe siècle, comme du reste des littératures en d’autres langues de la même période, ont souvent exprimé une expérience spirituelle qui touche de près à la mystique, sauf que, contrairement à ce qui se passe dans la mystique traditionnelle, l’expérience en question fait l’économie de toute référence à une foi précise. De fait, on parle souvent de « mystique naturelle », de « mystique sauvage », de « mystique sans Dieu », etc. Un tel genre d’expérience, ponctuelle, se présente le plus souvent comme un bouleversement des paramètres de l’expérience commune, en ce sens que les frontières du moi et du monde s’effacent, le temps se mue en éternité et l’espace est éprouvé dans toutes ses virtualités concrètes. Le moment exceptionnel, le plus souvent euphorique, et vécu dans l’instant peut par la suite se prolonger dans la durée par le biais d’une démarche plus concertée sous la forme d’exercices spirituels ou d’une véritable quête. La poésie est sans doute le genre qui entretient le rapport le plus intime avec l’expérience mystique. Dans la poésie de Philippe Jaccottet la nature joue un rôle important. Philippe Jaccottet appartient au groupe des « poètes du lieu ». Il définit la nature comme « l’insaisissable » qui « intrigue le monde à de rares moments privilégiés ». Dans ses poèmes quête de la présence et quête poétique vont de pair et certains recueils de poèmes expriment une expérience mystique naturelle. Dans les années soixante, le poète découvre le haïku et cette forme brève aura sans doute une influence sur l’expérience poétique de Jaccottet et sa façon d’exprimer une telle expérience mystique naturelle.