2022
Déborah Lévy-Bertherat, « Pinocchio ou la naïveté comme ressort », HAL-SHS : littérature, ID : 10670/1.3mf16d
Pinocchio est l’enfance par excellence, dans toute sa vulnérabilité, son humanité. Il est d’abord naïf au sens originel, c’est-à-dire natif : avant même sa naissance, il est déjà la vie immanente, informe et primitive. Devenu pantin, il oppose à la prudence de ses éducateurs sa confiance, sa naïveté revendiquée comme un éthos. L’éducation de Pinocchio est-elle véritablement morale ? Ne serait-ce pas, au fond, sa naïveté que l’on châtie, plus que sa méchanceté ou sa paresse ? Il est plus sévèrement puni de ses erreurs que de ses vices. D’où l’effroi que le conte suscite encore chez les jeunes lecteurs : il leur révèle que la naïveté, leur naïveté, est, dans tous les sens du mot, mortelle.