Le dizenier, pierre angulaire des relations de voisinage à Toulouse (Ancien Régime-vers 1930)

Résumé Fr

Les sciences humaines ont généralement considéré les relations de voisinage comme s’il ne s’agissait que de rapports informels conditionnés par la seule proximité spatiale de la résidence et ses aléas. Le cas de Toulouse à l’époque moderne met en évidence le caractère partiel de cette appréhension. Effectivement, on peut y mettre à jour, à l’échelle de cette unité de base de l’espace urbain qu’était la dizaine/moulon (ou : pâté de maisons), deux structures dument constituées régissant l’ordre du quotidien des habitants : des assemblées de dizaine (composées de représentants des habitants), d’une part, et/ou des dizeniers, d’autre part. Comme -semble-t-il- dans la plupart des villes où leur présence est attestée, ces derniers faisaient office d’interface entre la municipalité et la population du moulon auquel ils étaient attachés. Ils avaient la double tâche d’œuvrer au service de la municipalité (avec des missions administratives, mais aussi fiscales et policières) et de représenter la population de leur moulon auprès de cette même municipalité, ce qui semble leur avoir octroyé un statut à part au sein de cette communauté de voisins.C’est à ce volet de leur rôle auprès de leurs voisins qu’on se propose de s’attacher. Ce n’est pas un effet du hasard s’il demeure inexploré jusqu’à présent. De fait, les traces documentaires le concernant sont aussi peu nombreuses que ténues. Ce faisant, de toutes les villes pour lesquelles des dizeniers ont existé, Toulouse est la seule dont les sources permettent de pousser si avant l’investigation. Ainsi, malgré ses limites, le dossier qu’on a pu constituer laisse entrevoir ce qui semble bien avoir été les principales tâches et rôles des dizeniers dans leurs moulons sur la longue durée: une fonction de porte-parole de leurs voisins (mais dans des cas précis) et un rôle de médiateur dans les conflits de voisinage.La prise en compte des dizeniers ouvre donc de nouvelles lectures des relations de voisinage dans l’ancienne France.