2018
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Christine Hammann, « Mourir de douleur ? », HAL-SHS : littérature, ID : 10.15122/isbn.978-2-406-07038-2.p.0153
Peut-on mourir d’un cœur brisé ? Le mythe le veut : c’est Ariane, c’est Iseult… mais comment ce mystérieux effet d’auto-destruction psychosomatique que les Anglais ont qualifié de « broken heart syndrome » s’appréhende-t-il dans la littérature du XVIIIe siècle ? Selon la philosophie et la médecine classique (et notamment Cureau de la Chambre), la douleur est une passion qui dépend non seulement de la perception ou de l’intellection d’un mal mais également de la volonté du sujet. L’examen de quelques morts passionnelles dans la littérature semble corroborer cette pensée. Les apparentes victimes (le père endeuillé du Spectateur français, Clarisse Harlove, Mme de Wolmar ou la Saint-Yves) sont les actrices d’une mort qui survient, non sous l’effet d’une peine d’amour ou par la violence d’un deuil, mais comme le fruit de représentations auxquelles elles adhèrent. « Morts impertinentes », si l’on en croit Marivaux, Voltaire, ou Rousseau lecteur de Richardson. C’est le « mensonge romantique » dénoncé avant le romantisme, et avec lui, la préférence occidentale pour le malheur.