2017
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Françoise Berger, « Le haut-commissariat français et la nouvelle Allemagne (1949-1955) », HAL-SHS : histoire, ID : 10670/1.3qrn93
Avec la création de la République fédérale d’Allemagne, le 23 mai 1949, prend fin l’occupation militaire par les gouverneurs des puissances alliées. Elle est remplacée par une occupation civile, coordonnée au niveau allié par une Haute Commission alliée et gérée au niveau de chaque zone d’occupation par un haut-commissaire. Pour la France il s’agit d’André François-Poncet, nommé en août 1949, qui accompli sa mission jusqu’au bout, en mai 1955, avec la fin officielle de l’occupation et le rétablissement de l’ambassade de France en Allemagne.Cette période de transition, par son statut, est unique dans l’histoire. Elle est particulièrement délicate pour les représentants français, car ils doivent sans cesse négocier des compromis avec les Allemands et avec les alliés, tout en défendant une politique allemande très intransigeante du gouvernement français.Cependant, une première étape a été franchie en juillet 1948 lorsque Robert Schuman accède au ministère des Affaires étrangères. Il a bien sûr de la défiance contre l’Allemagne, mais comme européiste de longue date, il souhaite trouver un compromis qui permette à la fois le contrôle de l’Allemagne et la construction européenne pour la paix. Il choisit François-Poncet car il est totalement dans cette même perspective, et que de plus, il connaît particulièrement bien la situation allemande et Berlin, où il a été ambassadeur de 1931 à 1938.Outre la présentation de la mise en place du haut-commissariat français et de la complexité de son fonctionnement, il s’agit ici d’interroger les marges de manœuvre dont disposent le haut-commissaire et son principal collaborateur, Armand Bérard, par rapport au gouvernement français et aux gouvernements alliés. Leur personnalité et leur positionnement personnel ont-ils contribué à infléchir la politique pratiquée sur place ?Dans cette période de transition, beaucoup en France croit encore danger allemand. Ce n’est plus le cas de François-Poncet qui craint beaucoup plus le danger soviétique, ce en quoi il se sent proche de Konrad Adenauer qui partagent les mêmes inquiétudes. Ceci ne l’empêche pas pour autant d’être très critique envers Adenauer et son gouvernement qui cherchent sans cesse à obtenir de nouvelles concessions, utilisant la tension croissante de la guerre froide pour tenter de manipuler l’allié américain en leur faveur. Le haut-commissaire et son adjoint semblent sans cesse hésiter sur la méthode à appliquer avec le gouvernement allemand. Néanmoins, tous deux, au cours des six années de la haute commission alliée et du haut-commissariat français, ont véritablement pris à cœur cette mission et ont permis une certaine réussite dans la mise en place de bonnes relations franco-allemandes équitables et durables. Malgré les critiques réciproques, André François-Poncet et Konrad Adenauer évaluent très positivement cette période, avec le recul.