2019
Cairn
Laurent Lecomte, « Les visitandines et « l’embellissement » des villes aux XVIIe-XVIIIe siècles », Histoire, économie & société, ID : 10670/1.3rulkv
Si l’histoire religieuse et sociale s’est depuis longtemps penchée sur l’impact urbain des ordres religieux nés ou réformés dans le sillage du concile de Trente (1545-1563), la question a largement échappé à l’historiographie architecturale de la période moderne. Seul l’urbanisme civil, monarchique ou édilitaire, a droit de cité dans les études de référence, à commencer par l’ouvrage devenu classique de Pierre Lavedan, L’Histoire de l’urbanisme, Renaissance et Temps modernes (1959). Est-ce à dire que la notion « d’embellissement » serait restée à cette époque étrangère aux autres acteurs de la cité, privés ou religieux ? L’histoire architecturale de l’ordre de la Visitation Sainte-Marie montre qu’il n’en est rien. L’inventaire monumental des 135 couvents de la Visitation recensés avant la Révolution, allié à l’exploration systématique des fonds documentaires, publics comme privés, apporte un éclairage inédit sur l’irruption massive des ordres nouveaux au cours de la première moitié du xviie siècle. Il ne s’agit pas ici de traiter l’aspect foncier de cette « invasion » ni les stratégies de conquête immobilière des couvents, mais de proposer quelques éléments de réflexion sur ses implications formelles ou symboliques, à travers la politique architecturale d’un grand ordre féminin de la Réforme catholique.