La transmission troublée, l’exemple de l’adoption

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Prenant l’exemple de l’adoption, l’auteur interroge d’abord le désir de transmettre en chacun d’entre nous. Donner la vie, avoir un enfant est la transmission la plus évidente. À travers l’enfant prolongement narcissique des parents, il s’agit de donner un sens à sa vie, face à la conscience de sa finitude, de se perpétuer, mais aussi du désir de partager à travers l’éducation de l’enfant. Mais ce puissant désir de transmettre se trouve souvent contrarié, d’une part parce que ce n’est pas toujours ce que nous voulons qui passe d’une génération à l’autre, mais aussi, sur le mode transgénérationnel, des fantômes, du négatif, des secrets. Ensuite parce que la transmission étant fondamentalement intersubjective, sa réussite dépend de l’acceptation par celui qui en est l’objet. Enfin parce qu’elle se trouve parfois empêchée, par exemple lorsqu’une stérilité ou une configuration de la famille ne permet pas d’avoir d’enfant, ou troublée. L’adoption s’offre alors comme possibilité de résoudre cette impasse et de rembourser la dette de vie reçue de ses parents à la naissance, dans la perspective maussienne du donner-recevoir-rendre qui organise la transmission, mais, de façon paradoxale, elle met aussi en jeu les difficultés susmentionnées. Surgissent alors les obstacles spécifiques de l’adoption : rupture initiale de la transmission, héritage plus ou moins lourd d’une histoire qui s’est construite ailleurs mais que les parents devront accepter et transmettre malgré tout. Les fantasmes de transmission sont le fruit du travail psychique qui accompagne la « digestion » de cet héritage du côté de l’enfant comme de ses parents. Le travail thérapeutique d’accompagnement dans l’élaboration de l’héritage gagne à prendre en compte la perspective générationnelle.

Taking the example of adoption, the author begins by examining the desire that each one of us has to transmit. Giving life, having a child is the most obvious form of transmission. Through the child, a narcissistic extension of the parents, it is a matter of trying to give meaning to one’s life in the face of awareness of one’s finiteness, of perpetuating the family line, but also of the desire to share through the education of the child. But this powerful desire to transmit is often thwarted, first because it is not always only what we want that passes from one generation to another, but also, in the transgenerational mode, ghosts, the negative, and secrets. Secondly, because, as transmission is fundamentally intersubjective, its success depends on its acceptance by the person who is its object. And finally because it is sometimes impeded, for example, when sterility or a family configuration makes it impossible to have a child, or troubled. Adoption then offers a possibility of resolving this impasse and of repaying the debt of life received from one’s parents at birth, from the Maussian perspective of “giving-receiving-reciprocating” which organizes transmission; but, paradoxically, it also brings into play the afore-mentioned difficulties. The specific obstacles of adoption then emerge: an initial rupture of transmission, the more or less heavy inheritance of a history that was built elsewhere but which the parents will have to accept and transmit nonetheless. The fantasies of transmission are the fruit of the psychic work that accompanies the “digestion” of this inheritance for the child and parents alike. The therapeutic work of providing support in elaborating this inheritance benefits from taking into account the generational perspective.

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