2007
Cairn
Céline Bayou, « Biélorussie 2006 : Un pays sous pression », Le Courrier des pays de l'Est, ID : 10670/1.3t2gka
Comme prévu, A. Loukachenko a été réélu le 19 mars 2006 pour un troisième mandat, avec un score typiquement soviétique de 82,6 % des voix, rehaussé par certaines irrégularités. Il n’avait pas ménagé ses efforts pour dominer la scène politique et évincer une opposition qui eut à peine le temps de s’organiser. Largement incarnée par A. Milinkevitch, elle a eu bien des difficultés à se faire entendre, face à la répression, mais aussi en raison de divisions internes. Face à cette mascarade électorale, la communauté internationale a eu beau tenter de protester et de pratiquer une politique de sanctions, celles-ci semblent avoir eu assez peu d’effets. L’impuissance des Etats-Unis et de l’Union européenne à exercer une pression politique ne leur laisse que le champ économique, bien qu’il affecte plus la population que l’appareil gouvernemental. Le Président biélorussien a eu beau jeu, alors, de nier tout isolement international de son pays, multipliant les accords avec des pays tiers, du Soudan à la Corée du Nord et de Cuba à l’Iran... Pouvant se targuer de résultats économiques brillants, notamment dans le secteur social qui lui assure indéniablement le soutien d’une partie de la population, il n’avait jusque-là aucune raison de lancer des réformes structurelles vraisemblablement douloureuses. Mais le refroidissement des relations avec Moscou, lié aux deux crises, gazière puis pétrolière de décembre 2006, ont révélé le véritable talon d’Achille d’A.Loukachenko. Une fois disparu le soutien financier de la Russie, assuré jusque-là par des prix au rabais sur les hydrocarbures, l’économie pourrait traverser une crise sans précédent. Depuis lors, il a procédé à une sidérante volte-face, reconnaissant partager des valeurs communes avec l’Europe et multipliant les propositions de coopération avec l’Ouest.