2010
Cairn
Thomas Boutonnet, « La LRO : xyloglossie dans la Chine post-maoïste », Hermès, La Revue, ID : 10670/1.3wd2sh
La politique de « réformes et ouverture » vers l’étranger, initiée par Deng Xiaoping au sortir de la Révolution culturelle en 1978 s’est avérée, d’un point de vue économique, une véritable réussite qui a amené la Chine au rang des grandes puissances mondiales en à peine trente ans. D’un point de vue social par contre, le résultat est tout autre : transfigurée par ces réformes qui ont acté le basculement d’une économie planifiée vers une économie de marché, la société chinoise s’est retrouvée bouleversée par la disparition de l’État-providence et la restructuration du secteur de production étatique, autant de dommages collatéraux qui vont brutalement vulnérabiliser et « précariser » des millions d’individus. Dès la fin des années 1980, vont se constituer de nouvelles « classes dangereuses » de paysans sans terres, de chômeurs et de pauvres, des « masses dangereuses » que l’État-parti chinois va devoir discipliner, puisque c’est sur leur exploitation que va se construire le miracle chinois.C’est donc un véritable arsenal discursif, une langue de bois élaborée et complétée sur trois décennies, que les dirigeants du Parti communiste chinois vont mettre en place pour (re)formuler les perceptions et « corriger les consciences erronées » de ces populations vers une acceptation d’un ordre social qui leur est foncièrement défavorable.