2010
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Cécile Boëlle, « Po-ti-ni-ja… dans tous ses États », MOM Éditions, ID : 10670/1.3xoisu
L’examen des attestations du terme po-ti-ni-ja, désignant une déesse mycénienne, dans les différentes archives en Linéaire B, fait apparaître des points communs et des différences dans l’usage qu’en font les scribes. Po-ti-ni-ja apparaît particulièrement liée au wa-na-ka à Pylos, Knossos et à Thèbes, ce qui doit nous amener à envisager l’existence de relations privilégiées entre le roi (agissant vraisemblablement dans les textes « religieux » en tant que grand prêtre) et la déesse, que l’on devrait considérer comme une divinité protectrice de la royauté. À Pylos, Knossos et Thèbes également, il existe une activité économique en relation avec le sanctuaire de po-ti-ni-ja ; une économie sacrée en partie contrôlée par le pouvoir central, qui en reconnaît néanmoins la spécificité dans ses archives. Au-delà de ces caractéristiques communes, le titre de Potnia apparaît accompagné de différentes épithètes qui sont particulières à chaque archive. Cette particularité est compréhensible quand il s’agit de toponymiques locaux (ainsi ne-wo-pe-o ou e-re-wi-jo à Pylos par exemple) ; elle est plus étonnante pour les épithètes plus spécifiquement cultuelles, qui font référence à une fonction de la divinité (ainsi par exemple si-to à Mycènes, i-qe-ja à Pylos). Cela n’implique pas que chaque panthéon a connu un développement spécifique, puisqu’on trouve par ailleurs un certain nombre de théonymes qui sont récurrents en Crète comme dans les différents royaumes continentaux. Ces différents emplois du titre conduisent enfin à se poser la question de savoir si on a à chaque fois une même déesse, ou, au contraire, des divinités chaque fois différentes qui n’auraient en commun que le titre de Potnia. L’étude interne des textes ainsi que la nature de la documentation nous conduisent à considérer que l’utilisation de po-ti-ni-ja, seul ou avec un toponymique local, fait référence à une seule divinité. Au contraire, quand le titre est accompagné par un toponymique exotique, par exemple a-si-wi-ja à Pylos, ou par une épiclèse cultuelle, il peut s’appliquer à d’autres divinités.