L’odeur de l’argent. Dons et legs dans le financement de l’Université de Paris (1885-années 1930)

Résumé Fr En

La part du mécénat dans le financement des universités françaises a toujours été notoirement inférieure à celle de ses homologues anglo-saxonnes et germaniques. Cet article s’efforce pourtant de réévaluer son importance pour l’Université de Paris au début du XXe siècle, sous l’impulsion de recteurs volontaristes comme Louis Liard. Il propose également un portrait de groupe des personnes privées ou morales qui donnent ou lèguent tout ou partie de leur fortune pour faire avancer la recherche, en interrogeant leurs motivations qui mêlent souvent inspiration religieuse, engagement républicain, recherche de statut social et désir d’influence. L’article met surtout en lumière les difficiles négociations entre donateurs et donataires sur l’usage fait de leurs libéralités : alors que les premiers entendent souvent laisser une trace dans l’histoire de l’université et parfois influer sur le contenu des recherches qui s’y pratiquent, les seconds oscillent entre le désir d’attirer les financements et une farouche volonté de se préserver de toute ingérence dans leurs travaux.

Private sponsorship in the budget of French universities has always been far below what it represented in Anglo-Saxon or German ones. This article aims at reassessing its importance for the University of Paris at the beginning of the 20th Century, driven forward by some voluntarist chancellors such as Louis Liard. It also draws a collective portrait of the donors, private or legal entities, who gave their whole fortune or part of it for the advancement of science, with a special focus on their motivation that often mixed up religious inspiration, republican involvement, pursuit of a social status and quest for power. It also highlights the difficult negotiations between donors and donees about the way their donation is used: some donors only intend to leave a trace in the history of the University but others claim a right to influence the content of the research they sponsor. On the other hand, the university is faced with an alternative between its need to attract sponsorship and its duty to avoid any kind of interference of private interest in scientific work.