2005
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Gérard Abensour, « La Russie contemporaine entre regret du passé et rejet du passé. À propos de la pièce de Ludmila Razoumovskaia : La fin des années quatre-vingt ou « Caïn, mes fils » », Slovo (documents), ID : 10670/1.43d5e4...
Ludmila Razumovskaia a écrit à ce jour une quinzaine de pièces sur la vie contemporaine en Russie. Celle qui a retenu notre attention évoque à travers une chronique familiale la rupture qu’a connue son pays à partir de 1985. Le titre de cette pièce en révèle l’aspect allégorique : La fin des années quatre-vingt ou «Cain, mes fils » Le personnage principal, Bogolioubov, est un officier à la retraite qui a gardé toute sa morgue et toutes ses convictions. П considère ses deux fils comme des «Cains» car l’un a émigré aux États-Unis, l’autre se réfugie dans l’alcool pour fuir la réalité. Il contraint son petit-fils Fédia à partir en Afghanistan pour l’arracher aux tentations de la vie moderne. Bogolioubov fait le vide autour de lui. Quelques années plus tard, le vieillard reçoit la visite de Fédia au retour de la guerre. Sa joie se transforme en horreur quand il découvre que son petit-fils est devenu aveugle. Sous le choc, il meurt en implorant le pardon. Entrecoupée d’intermèdes oniriques, la pièce se refuse à porter un jugement sur les diverses Russies qui s’entrechoquent. Alors que l’aïeul regrette un passé qui lui a permis de s’épanouir, les nouvelles générations rejettent avec horreur un passé dont ils éprouvent toute l’hypocrisie.