31 janvier 2025
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Noël Jouenne, « Le devenir des lotissements Castors à Toulouse : entre réhabilitation et évolution sociale », HAL SHS (Sciences de l’Homme et de la Société), ID : 10670/1.43e516...
Le mouvement d'autoconstruction des Castors en France s'est répandu dans toute la métropole de l'après-guerre jusqu'au début des années 1970. Toulouse n'y a pas échappé. En l'espace de deux décennies, de multiples programmes se sont déployés sur le territoire toulousain, notre terrain d'étude. À ce jour, nous avons recensé dix-huit opérations sur l'emprise de la ville, et il en existe d'autres sur ses pourtours. Aujourd'hui, les lotissements Castors sont convoités au même titre que toute maison individuelle. De ce fait, ces maisons ne sont pas détruites, mais rénovées, rehaussées ou agrandies. Elles qui, dans les années 1960, s'inscrivaient dans la périphérie de la ville, et consistaient en des foyers économiques, sont aujourd'hui appréciées pour leur tranquillité, car souvent à distance des grands ensembles. Ces pavillons pour familles modestes sont désormais tributaires de la hausse du prix du bâti, et les populations qui recomposent ces secteurs ont opéré un glissement sur l'échelle des valeurs sociologiques. Alors se pose la question du devenir de ce patrimoine face à sa réhabilitation. Les programmes « Castor » sur ToulouseCet ensemble regroupe 747 maisons individuelles qui se distinguent par le fait qu'aucune d'entre elles n'a été démolie à ce jour. Considérer l'absence de destruction comme une hypothèse centrale liée à la patrimonialisation serait une erreur. En effet, les maisons Castors ont évolué au fil du temps en fonction de leur propriétaire et sont aujourd'hui soumises aux lois du marché et de la gentrification. Par conséquent, on pourrait s'attendre à ce que des promoteurs rachètent des parcelles pour les fusionner et construire des immeubles, dans un esprit de densification urbaine. Mais il n'en est rien, car ces maisons conservent encore leur valeur et leur utilité. L'implantation des dix-huit programmes « Castors » sur Toulouse, entre 1951 et 1959, marque une appropriation du territoire toulousain sur la couronne périphérique de la ville. Ils ont en commun d'être chacun le fruit d'une initiative d'employés d'une même entreprise nationale. Ceux d'Air France en 1951, ceux de la Société Nationale des Constructions Aéronautiques du Sud-Est (SNCASE) en 1952 et 1956, les employés des Ponts & Chaussées en 1954, ceux de la Société Nationale de Chemins de Fer (SNCF) en 1953 et 1954, les employés de la Manufacture des Tabacs et de la Police Nationale en 1954 et 1957, ceux de l'Arsenal en 1954, ceux des Postes, Télégraphes et Téléphones (PTT) en 1955, ceux de la Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) en 1954, pour ne citer que ces quelques programmes. Les dates que nous communiquons correspondent aux premières dates figurant sur les plans d'architecture. Ces derniers nous fournissent également le nom de l'architecte et la raison sociale du commanditaire.