2013
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Marc Vella et al., « Géoarchéologie du Rhône dans le secteur du pont Saint-Bénézet (Avignon, Provence, France) au cours de la seconde moitié du deuxième millénaire apr. J.-C. : étude croisée de géographie historique et des paléoenvironnements », HALSHS : archive ouverte en Sciences de l’Homme et de la Société, ID : 10.4000/geomorphologie.10300
Le pont d'Avignon, également appelé pont Saint-Bénézet, fait ici l'objet d'une approche géoarchéologique associant des données issues des études combinées de géographie historique et d'analyse des paléoenvironnements fluviaux rhodaniens. Le but de cet article est 1) de proposer une restitution du tracé du Rhône à l'époque moderne dans le secteur du fort Saint-André (situé à 1 km en amont du pont) et 2) de déterminer l'emplacement des anciennes arches du pont aujourd'hui enfouies sous les alluvions du Rhône ou immergées dans les bras de Villeneuve-lès-Avignon et d'Avignon. Les résultats de l'analyse des cartes anciennes, des relevés bathymétriques et de la caméra acoustique permettent de révéler pour la première fois la présence de blocs de maçonnerie à intervalles réguliers dans les bras de Villeneuve-lès-Avignon et d'Avignon. Une interprétation concernant la forme du pont Saint-Bénézet peut ainsi être proposée et offre une bonne correspondance avec l'iconographie et les cartes établies au cours des XVIe et XVIIe s. En complément, cinq carottages, d'une profondeur maximale de 7,6 m, ont été réalisés au pied du fort Saint-André, ont permis de restituer la mobilité spatiale du Rhône en amont du pont Saint-Bénézet. La réalisation de datations par le radiocarbone permet de livrer une séquence chronostratigraphique de référence pour le secteur. L'ensemble de ces données géoréférencées a par la suite été intégré dans un Système d'Information Géographique (SIG) afin de restituer l'évolution moderne (XVe s.-actuel) du Rhône et du pont. La corrélation puis la spatialisation des données de carottages avec celles de la tomographie de résistivité électrique (TRE) attestent la présence d'un bras majeur du Rhône (bras de Villeneuve) au pied du fort Saint-André dès le début du XVIe s., comme indiqué par l'iconographie et les cartes, et révèle aussi une migration rapide vers l'est dès le XVIIe s. avec un abandon du chenal daté du début du XVIIIe s.