20 janvier 2023
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Karine Gendron, « La révolte de l’enfant-narrateur mort dans quelques romans québécois au tournant du xxie siècle », Tangence, ID : 10670/1.45jsof
Depuis les années 1980, nous trouvons plusieurs romans québécois autothanatographiques, racontés à la première personne par un mort. Parmi les cas de figure rencontrés, celui de l’enfant-narrateur décédé constitue une singularité que le présent article approfondit à partir de trois œuvres contemporaines : L’ingratitude de Ying Chen, La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy et Tu aimeras ce que tu as tué de Kevin Lambert. Des points de recoupement entre ces œuvres sont relevés pour mieux penser les spécificités énonciatives de l’enfant-narrateur mort, notamment la transgression narrative qu’il implique et la critique sociale portée par son énonciation et les thèmes qui le taraudent (l’emprise, la violence, la marginalisation). Ces romans abordent la mort frontalement et leur jeune narrateur énonce un discours qui tient de la révolte contre les sacrifices à faire au profit d’un futur pensé de manière fixe et fondé sur la transmission. Pour l’enfant qui meurt, l’asservissement du présent en vue de l’avenir reste vain et il préfère la mort – choisie dans les trois œuvres – à la reproduction servile des traditions. Pour lui, l’avenir relève d’une idéation qui reste imprévisible et inachevable, deux caractéristiques qui rejoignent d’ailleurs la poétique des auteurs qui le mettent en scène.